Il y a eu une baisse notable de la production de charbon à l’échelle européenne au premier semestre 2019. La chute est en partie compensée par les énergies solaires et éoliennes. Est-ce vraiment « le début de la fin de l’énergie au charbon en Europe » ?

La production de charbon a drastiquement baissé en Europe pendant la première moitié de l’année. Elle a chuté de 19 % dans l’Union européenne au cours de ce premier semestre, assure le think tank Sandbag (basé à Bruxelles et Londres) ce 26 juillet 2019.

« 2019 marque le début de la fin de l’énergie au charbon en Europe », commente Dave Jones, analyste chez Sandbag. Une baisse a été constatée dans quasiment tous les pays de l’UE producteurs d’énergie au charbon, poursuit le think tank. La chute de cette production a été compensée pour moitié par des énergies solaires et éoliennes, tandis que l’autre moitié a été remplacée par l’utilisation du gaz fossile.

La chute du charbon en Europe au premier semestre 2019. // Source : Sandbag

La chute du charbon en Europe au premier semestre 2019.

Source : Sandbag

Une chute notable en France

Sandbag projette que si la tendance se poursuit lors de la deuxième moitié de l’année, les émissions de dioxyde de carbone pourraient être réduites à hauteur de 65 millions de tonnes (par rapport à 2018). L’UE pourrait réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 1,5 %. En France, la chute de la production de charbon est particulièrement notable : elle a baissé de 75 % au cours du premier semestre 2019. Parmi les pays étudiés par le think tank, seule l’Irlande possède un pourcentage plus élevé (79 %).

Le think tank s’attarde sur la répartition des énergies solaires et éoliennes qui ont remplacé cette baisse de production de charbon. « Sur les 32 TWh [ndlr : térawatt-heure, une unité de mesure d’énergie] générés par la production éolienne et solaire, les quatre cinquième étaient des éoliennes et un cinquième seulement du solaire », précise le rapport. Le solaire contribue faiblement à la baisse de la production du charbon en Europe mais Sandbag ajoute que ce type d’énergie « est loin d’avoir développé tout son potentiel ».

Le rapport établit une corrélation entre la construction d’installations éoliennes et solaires dans les pays et la chute de leur production de charbon. Même si la baisse constatée en Allemagne peut sembler faible en pourcentage (22 % sur la carte ci-dessus) elle est en réalité significative : c’est dans ce pays que le plus grand nombre de centrales éoliennes et solaires ont été construites en 2018. « La plus forte baisse absolue de production de charbon » est enregistrée en Allemagne.

Malgré tout, le charbon devrait rester polluant

Même si la tendance se poursuit, le think tank estime que la production de charbon devrait encore représenter 12 % des émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne en 2019. Son rapport indique par ailleurs que seules 3 % des centrales à charbon ont fermé en 2018, principalement au Royaume-Uni et en Allemagne, « alors que de nombreux pays prévoyaient d’éliminer progressivement le charbon dans les années à venir », constate Sandbag.

L’Agence internationale de l’énergie (IEA) note quant à elle que l’industrie du charbon continue d’occuper une place importante à l’échelle mondiale : elle représente 38 % de la production d’électricité. « Malgré les préoccupations légitimes concernant la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre, l’utilisation du charbon continuera d’être importante à l’avenir », prévient l’IEA. La demande de charbon est par exemple importante en Chine. La balle est dans le camp des gouvernements et des industriels, selon l’agence, si l’on veut espérer que « le charbon devienne une source d’énergie beaucoup plus propre dans les décennies à venir ».

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