Dans un tournoi sur StarCraft réservé aux intelligences artificielles, des programmeurs travaillant en solo sont encore capables de se démarquer face aux géants du net. Mais pour combien de temps encore ?

À l’heure où l’implication des géants technologiques dans l’intelligence artificielle va croissant, y a-t-il encore une place pour les passionnés qui développent dans leur coin leur propre programme ? Dans les tournois et les compétitions qui permettent de jauger les IA les unes par rapport aux autres, on peut penser que ce ne sera plus le cas dans un avenir plus ou moins proche.

Comment en effet des informaticiens travaillant en solo sur un projet d’IA pourraient rivaliser sur le long terme avec des entreprises aux moyens presque illimités, qui sont en mesure de recruter à tour de bras les meilleurs experts du domaine — et dans le monde entier — et leur mettre à disposition les conditions de travail qu’ils désirent et les ressources dont ils ont besoin pour progresser ?

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Face aux Google, Facebook et autres Apple, peut-être est-ce peine perdue. Cela étant, le challenge demeure une sacrée motivation pour les programmeurs pour se tester (en plus d’être une bonne occasion de se faire repérer). Et surtout, aujourd’hui, il y a encore un espace pour les codeurs solos de briller dans des tournois et des compétitions d’intelligence artificielle, même face à des très grosses sociétés.

La preuve : au cours d’une compétition annuelle se déroulant sous l’égide de l’AIIDE, ce sont des IA conçues par des informaticiens solitaires qui se sont démarquées. En effet, les trois meilleurs programmes du tournoi, qui se déroulait sur une ancienne version de StarCraft, rapporte Wired, ont chacun été conçus par une seule personne ; pas mal, surtout en sachant qu’il y avait notamment Facebook en face.

Une première participation concluante

Le réseau social n’a certes pas démérité — il est arrivé 6ème sur 28 au classement général — mais il est remarquable de voir que son IA, baptisée CherryPi et conçue par une équipe de 8 personnes, ait été surclassée par des logiciels conçus avec beaucoup moins de moyens et de temps ; l’IA qui a remporté le tournoi, ZZKbot, a ainsi été mise au point par un seul individu.

L’apprentissage automatique permet par exemple de montrer à un système d’IA des centaines ou des milliers de parties pour qu’il apprenne toutes les stratégies qui sont possibles. C’est ce qu’a fait Google avec AlphaGo, en lui montrant une quantité immense de parties de go.

On peut toutefois s’attendre à ce que ce type de classement ne se reproduise plus guère à l’avenir. Dans le cas de Facebook, l’apprentissage automatique (machine learning) n’a pas été employé pour muscler les capacités de CherryPi. Or, on l’a vu dans le cas de Google avec sa filiale DeepMind : cette dernière s’est servie de cette discipline pour rendre son IA AlphaGo imbattable au jeu de go.

Surtout que dans le cas de Facebook, c’était sa première participation au tournoi organisé par AIIDE. Une sixième place pour une première participation est plus qu’honorable, qui plus est sans mobiliser toutes les capacités que le site communautaire pourrait mettre en oeuvre, comme l’apprentissage automatique. De ce fait, on doute donc de voir à l’avenir des codeurs, même brillants, arriver à se démarquer.

Les jeux de stratégie temps réel semblent être la nouvelle frontière que les géants de la tech veulent atteindre. Rappelons qu’en 2016, Blizzard, l’éditeur de StarCraft, a créé la surprise en annonçant un partenariat avec DeepMind pour concevoir un environnement de travail pour aider l’IA à maîtriser StarCraft II. Depuis, il a été mis à disposition du public une l’interface de programmation dédiée.


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