On a trouvé de la vie dans cette drôle de gelée volcanique bleue

À première vue, la substance rappelle une étrange crème glacée dont le fabricant aurait un peu abusé sur le colorant. Mais cette gelée provient bel et bien d’un volcan situé profondément sous la mer. Plus étonnant encore : elle contient des traces de vie.

L’analyse de cet échantillon fait l’objet d’une étude publiée dans la revue Nature Communications Earth & Environment à l’été 2024. Récemment, elle a été mise en lumière par le centre de sciences environnementales marines de l’Université de Brême, en Allemagne. Des chercheurs se sont penchés sur ce milieu extrémophile et ne s’attendaient absolument pas à trouver des êtres vivants.

Un environnement toxique et bleu

Et pour cause, l’environnement dans lequel cette substance bleutée a été trouvée est l’un des moins hospitaliers sur Terre. L’échantillon a été retrouvé profondément sous l’océan, au niveau de la fosse des Mariannes, la zone la plus profonde de la croûte terrestre.

Le ph (potentiel hydrogène) y atteint les 12, soit un seuil extrêmement élevé et parmi les plus toxiques : il suffirait d’un contact pour vous brûler la peau. En plus, l’échantillon a été récupéré à près de 10 000 mètres sous l’eau, là où la pression est extrêmement forte et donne peu de place à n’importe quel organisme pour se développer.

Malgré des conditions franchement défavorables, cette gelée volcanique contient bien des traces de graisse qui prouvent l’existence d’une activité microbienne. L’échantillon a été récupéré lors d’une expédition en 2022 au niveau d’un volcan. La partie qui présente cette surprenante couleur bleue est composée de serpentine et de brucite, un mélange qui aurait d’habitude tendance à tirer plutôt vers le verdâtre, mais qui, ici, a gardé l’autre teinte, car il n’a pas été altéré par l’eau de mer alentour dont il était séparé.

Pour ce qui est des microbes présents dans cette substance, les chercheurs interprètent la présence de graisse comme une manière de se défendre face aux conditions locales très toxiques. Ils n’ont pas pu repérer d’ADN, car les cellules vivantes étaient trop peu nombreuses, mais les chercheurs ont identifié les mécanismes développés par l’activité microbienne, notamment à travers la métabolisation du méthane et du sulfate, ce qui correspond pour ces microbes à l’équivalent de la photosynthèse chez les plantes.

S’il y en a sous la mer, pourquoi pas dans l’espace ?

La roche en question, la serpentine, était déjà connue pour pouvoir accueillir des formes de vie dans des environnements contenant très peu de nutriments, et cette étude montre que c’est possible là où la pression est également extrêmement forte.

De précédentes études supposaient d’ailleurs que des microorganismes tirant leur énergie du méthane pouvaient exister dans ce type d’environnement, mais c’est la première fois qu’une preuve directe est décelée. D’ailleurs, ces milieux sous-marins sont encore très mal connus, mais pourraient contenir une large part de la biomasse de la Terre : jusqu’à 15 %, selon certaines estimations.

Mieux : ces recherches peuvent aider d’autres travaux portant sur la vie extraterrestre. En comprenant mieux comment les êtres vivants peuvent apparaître dans des milieux extrêmement inhospitaliers, cela aide à savoir quoi et où chercher, dans l’espoir de trouver des organismes extrémophiles qui se trouveraient cette fois sur d’autres mondes.

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