Cela fait cinq ans que l’iTunes Store a ouvert ses portes, et ses tarifs n’ont pas bougé depuis. Considérant la place que la plateforme occupe aujourd’hui dans le paysage numérique et l’entêtement de Steve Jobs à garder des prix ronds, la musique numérique risque de rapporter de moins en moins à l’industrie toute entière, la faute à l’inflation. Explications.

On sait qu’Apple est depuis longtemps attaché aux prix psychologiques. La firme à la pomme opte pour des sommes rondes, au delà des questions d’inflation et de conversion monétaire. L’iTunes Store a ouvert en 2003 et le prix du morceau est resté constant pendant ces cinq années : 0,99 $. Pourtant, le dollar n’a plus la même valeur aujourd’hui qu’il y a cinq ans.

Un bloggeur s’est amusé à calculer le prix du morceau sur iTunes si Apple avait tenu compte de l’inflation. Il en a déduit que le morceau devrait être proposé aujourd’hui à 1,14 $ au lieu de 0,99 $, et que l’album devrait être à 11,53 $ au lieu de 9,99 $. Pour l’Europe, la différence est moins marquée. En effet, 1 € de l’année 2003 vaut 1,073 € en 2007 (sûrement un peu plus aujourd’hui). Le morceau sur iTunes devrait donc être vendu 1,06 € au lieu de 0,99 €.

Cette différence ne change peut être pas grand chose du point de vue du consommateur. Mais ce petit rien que l’on gagne sur l’achat d’un morceau nous amène à nous questionner sur son impact à plus grande échelle sur l’industrie du disque. En effet, on sait que dans ce domaine, les sommes sont tellement divisées, entre le producteur, l’éditeur, l’artiste, le distributeur, etc. que le moindre centime devient important. Or, si le prix des CDs est facilement ajustable par les maisons de disque, il n’en est pas de même pour la musique numérique, où tout le monde s’aligne plus ou moins sur iTunes.

A cela il faut ajouter que la conversion du dollar est devenue totalement désavantageuse pour les européens. Un morceau est facturé 0,99 $ et 0,99 €. Or, un euro coûte 1,5 fois plus cher qu’un dollar. Ne nous étonnons donc pas que le marché peine à décoller sur le vieux continent.

Les 0,99 $ ou 0,99 € sont tellement communs qu’ils sont devenus des prix de référence intouchables, et il semble bien qu’ils le resteront pour de longues années encore, vu l’obstination de Jobs a garder des sommes rondes. Si l’on se projette cinq années en avant encore, dans l’hypothèse d’une inflation constante, ce n’est pas 0,15 $ que perdrait l’industrie sur chaque morceau vendu, mais 0,30 $ ! Cette différence est loin d’être insignifiante puisqu’elle correspond la majoration que pratique aujourd’hui Apple pour ses morceaux sans DRM.

Bref, à l’heure où l’industrie se tourne vers le numérique, il semble qu’un facteur dont on sous-estime souvent l’importance lui esquisse un avenir de moins en moins clément. Celui des rapports de force entre l’ancrage psychologique d’un prix et l’inflation. La musique numérique est amenée à occuper une place de plus en plus importante dans les revenus des maisons de disque. Mais paradoxalement, un morceau vendu rapportera de moins en moins au fil des années.


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