Disney compte sortir sa propre plateforme de vidéo en streaming par abonnement fin 2019, en plus du service ESPN+ et de Hulu dont la multinationale est déjà propriétaire. Elle devient ainsi un sérieux concurrent de Netflix et Amazon Prime Video.

Après Ant-Man et la Guêpe, il n’y aura plus de nouveau film Marvel sur Netflix, a confirmé une enquête du New York Times publiée le 5 août 2018. Captain Marvel, attendu pour mars 2019, sera le premier blockbuster de superhéros à atterrir directement, après sa sortie en salle, sur le tout nouveau service de vidéo à la demande par abonnement de Disney.

Voilà plusieurs mois que la maison de Mickey a annoncé travailler sur le lancement de son propre « Netflix » (qui n’a pas encore de nom officiel), prévu pour fin 2019. Si son concurrent a beaucoup d’avance, Disney a pourtant de nombreux atouts dans sa manche pour s’imposer en tant que vrai service complémentaire. Car la multinationale n’a pas un, mais trois services de SVOD.

"Ant-Man et la Guêpe" // Source : Marvel

"Ant-Man et la Guêpe"

Source : Marvel

Une plateforme de catalogue familial

La France dispose d’un système spécial à cause de la loi sur la chronologie des médias : un film qui sort en salles ne pourra être mis en ligne sur une plateforme de SVOD que trois ans après sa sortie. C’est pour cela qu’il y a très peu de blockbusters Marvel sur Netflix France — à ce jour, on ne trouve que les Gardiens de la Galaxie (2014).

Mais dans d’autres pays comme les États-Unis, ce délai n’est pas le même, et de nombreux films Marvel sont présents au catalogue Netflix, à peine quelques mois après leurs sorties en salles. Or ce ne sera bientôt plus le cas. Lorsque Disney aura lancé sa plateforme de vidéo à la demande par abonnement — désormais la « priorité numéro 1 » de la firme, confirme le NYT —, ils retireront leurs contenus de Netflix. Bob Iger, le DG de Disney, a ainsi annoncé en août 2017 qu’il ne reconduirait pas le contrat qui le lie à son concurrent.

À la place, la future plateforme pourra proposer un grand nombre de films qui permettront au service de Disney de peser par rapport à ses concurrents. Cela concerne à la fois :

  • Les blockbusters Marvel actuels et futurs (Captain Marvel, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3, Doctor Strange 2, etc.),
  • Les Star Wars actuels et futurs,
  • Les films Pixar et Disney actuels et futurs (Toy Story 4, Frozen 2),
  • Les contenus de 21st Century Fox — rachetés pour 71,3 milliards de dollars — , soit Avatar, la saga X-Men, mais aussi des séries cultes comme les Simpson et Futurama.

À noter que les séries Marvel produites par Netflix comme Jessica Jones ou Luke Cage ont vocation, à ce jour, à rester sur Netflix, ne dépendant pas de Marvel Studios mais de Marvel TV.

Les Gardiens de la Galaxie // Source : Marvel

Les Gardiens de la Galaxie

Source : Marvel

Mais Bob Iger sait que créer un catalogue de contenus épais prend du temps, et qu’il n’arrivera pas à la hauteur de Netflix rapidement. Il a donc précisé ce 8 août 2018 que le tarif du service de SVOD de Disney sera inférieur aux abonnements Netflix. Qu’importe : Disney ne compte pas que sur cette plateforme pour attaquer ses concurrents.

Sport, famille et contenus adultes : 3 offres pour 3 marchés

À la suite du deal monumental entre la 21st Century Fox et Disney, ce dernier est devenu propriétaire majoritaire de la plateforme Hulu, qui diffuse des séries exclusives comme The Handmaid’s Tale ou Casual. Mais Bob Iger ne compte pas fusionner Hulu avec le futur service de SVOD de Disney : Disney serait plus une offre familiale, tandis que Hulu serait destiné à un marché plus adulte. Et ce sera le même destin pour ESPN+, un service de diffusion de sport lancé en avril 2018 pour 4,99 dollars par mois, que Disney va aussi garder à part.

The Handmaid's Tale dénonce les violences sexistes et sexuelles // Source : Hulu

The Handmaid's Tale dénonce les violences sexistes et sexuelles

Source : Hulu

« Au lieu d’avoir un énorme service d’agrégation, nous allons mettre sur le marché ce que nous avons déjà fait avec le sport », a détaillé Bob Iger. « Ces services seront créés pour attirer différentes parts de marché, différents segments, goûts et démographies. » Il n’exclut pas, en revanche, d’offrir des réductions aux utilisateurs qui souhaiteraient s’abonner à deux ou trois de ces services (Disney + ESPN+, ou Hulu + Disney, ou Hulu + Disney + ESPN+).

La course aux contenus originaux

Le positionnement de Disney est cohérent avec le marché actuel de la vidéo en ligne : tout le monde veut sa part du gâteau. Le PDG de Netflix, Reed Hastings, affirme d’ailleurs ne pas craindre la concurrence des nouveaux entrants (Apple, Facebook, YouTube) et leurs liquidités faramineuses, parce qu’il y aurait « de la place pour tout le monde » —  bien que tout le monde ne l’entende pas de cette oreille. Or pour trouver sa place, il faut apporter quelque chose de différent aux consommateurs.

Il n’est pas anodin que Netflix produise de plus en plus de contenus originaux : à terme, le service de Reed Hastings se différenciera principalement grâce à ses films, séries et documentaires originaux. À l’inverse, le « Disneyflix » pourra s’imposer comme une alternative de contenus froids, loin de la course aux talents dans laquelle se sont lancés de nombreux autres acteurs de la vidéo en ligne. Évidemment, des contenus originaux ne font pas de mal : Disney a déjà prévu qu’il y aurait plusieurs nouvelles séries Star Wars sur sa future plateforme, dont une qui vient d’obtenir un budget de 10 millions de dollars par épisode.

Source : Montage Numerama

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