De retour depuis le 21 mai sur la chaîne américaine Showtime, la série culte de David Lynch et Mark Frost marque déjà les esprits. Twin Peaks, qui a déjà offert à la chaîne un record d’abonnements à son service de streaming, prouve son incontestable modernité, mais la série saura-t-elle séduire les réseaux sociaux comme elle avait marqué les esprits à l’époque ?

« Nous nous retrouverons dans vingt-cinq ans ». Sourcil arqué, regard fixé vers la caméra, rictus cryptique, fameux « meanwhile »… En 1991, Laura Palmer nous prévenait  : nous n’en avions pas fini avec Twin Peaks.

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Twin Peaks, 1991

La folie qui s’emparait des États-Unis au lendemain de la première diffusion du show est, elle aussi, prête à revenir, intacte malgré ces 25 ans écoulés. Comme si les fans, monomaniaques le temps d’une saison, n’avaient pas changé depuis vingt-cinq ans. C’est en tout cas ce que laissent entendre les responsables de Showtime, la chaîne qui finance et produit le retour de ce qui reste la plus importante série des années 1990.

twinpeaks

En l’espace d’une soirée, celle du dimanche 21 mai, la chaîne a enregistré une impressionnante croissance sur son service de streaming, qui requiert un abonnement spécial. Selon Deadline, Showtime Anytime et Showtime On Demand, les deux offres VoD de la chaîne câblée, ont enregistré leur record historique d’abonnements. C’est pour le groupe une  vraie prouesse alors que l’utilisation de ses offres VoD reste loin derrière le succès grandissant de HBO Go.

« Dans le monde dans lequel nous vivons désormais, dévoiler un programme exclusif qui attire de nouveaux abonnés est notre premier objectif économique. explique à la presse David Nevins, CEO du network. En se basant sur ces critères, la sortie de Twin Peaks est le plus gros événement que nous ayons jamais connu. »

Une hystérie collective qui se cultive…

La chaîne avait soigneusement préparé cette première diffusion qui signait le retour, après un quart de siècle, du duo Frost et Lynch au petit écran. Pour cette rénaissance, la chaîne avait notamment dans le viseur les réseaux sociaux qui — fait nouveau pour la série — sont aujourd’hui les principaux vecteurs de tendances du petit écran.

Twin Peaks, 2017

Twin Peaks, 2017

Gary Levine rappelait ainsi dans le New York Times : « J’ai hâte de voir à quoi ressemblera Twin Peaks sur les réseaux sociaux, car très honnêtement, je me souviens du show comme si ça avait été un phénomène des réseaux sociaux… Il faut comprendre qu’à l’époque, d’une certaine manière, Twin Peaks était viral ». Levine, qui a été un des responsables d’ABC lors des premières saisons, travaille désormais chez Showtime.

Cette frénésie, une sorte de proto buzz, a été retracée par Slate, qui soulignait par exemple que la série et son inépuisable mystère ont entrainé une adoption par certains fans des premiers forums de discussions (Usenet). Des adresses web où se multipliaient, à la manière des subreddit, des théories, quelques fan fictions et des analyses parfois fulgurantes du show.

Cet enthousiasme populaire, qui créait alors la vocation de téléspectateurs-enquêteurs, est principalement motivé par les lacunes volontaires du scénario du duo Frost-Lynch : de manière inédite, un show télé ne livrait pas les clefs nécessaires à sa compréhension. Ce qui devait être un affront au genre est finalement devenu un standard et Twin Peaks a changé notre manière de consommer et produire de la fiction.

Twin Peaks, 2017

Twin Peaks, 2017

Le folie peut-elle regagner nos salons ?

Afin de s’assurer que le buzz attendu serait bien au rendez-vous, la chaîne a acheté des dizaines de hastags sur Twitter et s’est finalement assurée la viralité attendue en comptant pas moins de 4,7 millions de tweets à la fin de la première diffusion. Mission accomplie pour l’Agent Cooper.

Mais ce n’est pas la seule stratégie de Showtime pour provoquer et galvaniser notre obsession pour la poisseuse ambiance de Twin Peaks. À la manière de Netflix, le réseau a dévoilé non seulement les deux premiers épisodes à ses abonnés SVoD, mais également les deux suivants. Ce sont donc 4 parties, sur les 18 attendues, qui ont été mises en ligne.

Cette première fournée du grand retour de la série a désarçonné les habitués du binge-watching. Showtime invite le téléspectateur à binger, en dévorant dès dimanche les quatre premiers épisodes du show, mais attention : tout excès d’impatience sera puni par une longue et frustrante attente puisqu’ensuite, seuls deux épisodes par semaine seront livrés aux téléspectateurs-enquêteurs. Un binge-watching très lynchéen en somme.

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