Après ses chefs-d’œuvre, Breaking Bad et Better Call Saul, le showrunner Vince Gilligan frappe à nouveau avec une énigmatique série de science-fiction : Pluribus, sur Apple TV. Mais est-elle à la hauteur de ses grandes sœurs ? Voici notre critique, sans spoilers, de cette production complètement atypique.

Tout commence par un étrange signal visuel, repéré par deux scientifiques, au beau milieu de nulle part. S’agit-il d’une simple erreur ? D’une blague terrestre ? Ou bien d’un message venu d’ailleurs ? Vous le découvrirez si vous osez plonger dans les méandres de Pluribus, la dernière curiosité d’un habitué du petit écran : Vince Gilligan.

Le créateur de Breaking Bad et de Better Call Saul, également ancien scénariste pour X-Files, dévoile ainsi son nouveau jouet, entre science-fiction et contemplation. Mais cette série de SF remplie de mystères, disponible dès ce 7 novembre 2025 sur Apple TV, peut-elle accéder, à son tour, au Panthéon ultime ?

Voici notre avis, garanti sans spoilers, sur les 7 premiers épisodes de Pluribus, mis à disposition pour la presse (la saison 1 en compte 9 en tout — nous nous réservons le droit d’ajuster notre critique après la sortie des deux derniers).

Le pilote de Pluribus va vous scotcher à votre écran

Dès son tout premier teaser malaisant, qui mettait en scène une femme en train de lécher frénétiquement des donuts, un par un, Pluribus avait déjà piqué notre curiosité. Nous avons donc lancé le premier épisode en plaçant une immense confiance dans les talents de Vince Gilligan pour nous scotcher à notre écran. Et nous avons eu raison : nous n’avons pas été autant bluffés par un pilote depuis bien longtemps.

Puisque tout le sel de la série repose sur ses mystères distillés au compte-goutte, nous vous dirons simplement que vous allez rencontrer Carol Sturka, une autrice de romans de fantasy à l’eau de rose, alors qu’elle se lance dans une quête plus ou moins désespérée : sauver le monde d’un mal plutôt inconnu.

Le monde est clairement en danger dans Pluribus... ou pas ? // Source : Apple TV+
Le monde est clairement en danger dans Pluribus… ou pas ? // Source : Apple TV+

Quelle est l’origine de ses tourments, sont-ils vraiment si malfaisants et comment va-t-elle en venir à bout ? Vous le saurez en suivant ses péripéties, face à un ennemi inattendu : le bonheur. Dès son introduction et ses séquences qui mettent en scène une planète totalement bouleversée, Pluribus a donc su capter notre attention.

Le premier épisode réunit ainsi tout pour être un succès absolu : un personnage principal plutôt exécrable, mais attachant, un humour noir ravageur, des scènes franchement angoissantes et des énigmes à la pelle.

Rhea Seehorn, la reine absolue de Pluribus

Seulement voilà : une fois ce choc passé, le charme de Pluribus se brise progressivement au fil des épisodes. À mi-chemin entre Severance, Lost et The Last Man on Earth, la série finit par s’éparpiller et peine à tenir la distance, même s’il faut reconnaître que le final, qui n’a pas été mis à disposition de la presse, pourrait évidemment rabattre toutes les cartes. Pour autant, elle a déjà été renouvelée pour une saison 2, et il est honnêtement très difficile de savoir ce que Vince Gilligan va bien pouvoir nous raconter pendant aussi longtemps.

À partir du quatrième épisode, dont la scène d’introduction évoque justement l’ouverture culte de la saison 2 de Lost, Pluribus devient ainsi beaucoup plus contemplative et, soyons honnêtes, moins passionnante. L’épisode 7 nous a même carrément perturbés, en nous donnant la sensation de voir deux séries en une, avec des esthétiques et des propos totalement différents.

Rhea Seehorn excelle dans Pluribus // Source : Apple TV+
Rhea Seehorn excelle dans Pluribus // Source : Apple TV+

Seules trois qualités parviennent heureusement à sauver l’ensemble du naufrage de l’ennui, qui plombe une bonne partie des épisodes. Commençons par le plus évident, celle qui porte toute la production d’Apple TV sur ses épaules : Rhea Seehorn, qui avait déjà prouvé tout son talent dans Better Call Saul.

Elle livre ici une performance hallucinante, dans le rôle de Carol, cette anti-héroïne cynique à souhait qui a littéralement fait une overdose de l’humanité toute entière. Grâce à son interprétation tout en nuances, la comédienne américaine parvient à créer de l’empathie, malgré des circonstances franchement peu favorables.

Une réalisation qui fourmille de bonnes idées

Il faut dire que les aventures improbables de son personnage sont sublimées par le deuxième atout de Pluribus : sa réalisation. Comme d’habitude avec Vince Gilligan, chaque plan fourmille de bonnes idées, qu’il s’agisse de gros plans sur des détails de l’intrigue, des reflets dans le miroir, des ballets humains dans un supermarché ou des vues aériennes parfaitement symétriques. L’esthétique des épisodes est donc à la fois hypnotisante et extrêmement satisfaisante, rappelant les grandes heures de Breaking Bad ou de Better Call Saul.

Nous devant Pluribus, entre ennui et enthousiasme // Source : Apple TV+
Nous devant Pluribus, entre ennui et enthousiasme // Source : Apple TV+

Enfin, Pluribus bénéficie tout de même d’une narration intrigante et sait distiller ses révélations avec une grande maîtrise, au fil des épisodes. Même certains twists, qui auraient pu sembler plus convenus, sont finalement tournés en dérision par la série elle-même. On sent tout de même que le showrunner a voulu intégrer de trop nombreux questionnements, presque philosophiques, en un seul projet, entre l’injonction au bonheur, le risque de trop se conformer au groupe, la peur de l’apocalypse imminente, la surveillance de masse et les déceptions des utopies futuristes.

Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que Pluribus détonne, face à d’autres productions plus lisses, sorties ces dernières années. Après Severance, Apple TV prouve donc à nouveau qu’elle est la seule plateforme de streaming actuelle capable de financer des projets aussi satiriques, contemplatifs, absurdes et ambitieux. Et ça, c’est quand même un excellent signe pour le futur.

Le verdict

Pluribus // Source : Apple TV+
7/10
Il n’y a pas d’offres pour le moment
Après les séismes provoqués par Breaking Bad et Better Call Saul, Vince Gilligan revient à ses premiers amours de SF avec une série profondément énigmatique : Pluribus. Centrée sur une autrice à succès qui se donne pour mission de sauver le monde d’un mystérieux danger, cette nouvelle création nous a scotchés dès son premier épisode. Malheureusement, la suite de la saison se révèle plus laborieuse et contemplative, au risque de perdre un bon nombre de spectateurs en cours de route. Espérons que le final, qui n’a pas encore été dévoilé à la presse, puisse nous faire changer d’avis.
Comparatif svod // Source : Montage Numerama
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