En cette année 2025, les ninjas ont décidé d’organiser une tablée immense. Fin juillet, Ninja Gaiden Ragebound, par son charme old-school, a constitué une savoureuse entrée — en matière. Shinobi: Art Vengeance s’est chargé d’emboîter le pas en livrant un plat riche, à la fois visuellement délectable et exquis en termes de goût. On s’attendait logiquement à ce que Ninja Gaiden 4, le seul en 3D, achève le banquet avec un dessert à la hauteur, cette touche de sucrée avec petits digestifs et mignardises. Hélas, ce n’est pas la pièce-montée espérée.
Pourtant, Microsoft a mobilisé PlatinumGames et Team Ninja, deux spécialistes du genre action, pour offrir une renaissance aux adaptations 3D de Ninja Gaiden, intimement liées à la marque Xbox. On se faisait même une joie de retrouver Ryu Hayabusa, ici accompagné d’une nouvelle tête prénommée Yakumo. Sauf que Ninja Gaiden 4 se coltine des choix de gameplay douteux, une direction artistique horrible et une narration d’une pauvreté abyssale. Triste.
Points forts
- Des bonnes sensations quand on tranche
- C’est fluide tout le temps
- Le charisme de Ryu Hayabusa
Points faibles
- La DA est atroce
- Pourquoi on ne joue pas Ryu tout le temps ?
- Gameplay bancal
Dans Ninja Gaiden 4, on joue un ninja émo plutôt qu’un vrai héros
Commençons par aborder cette décision incompréhensible d’opter pour un héros inédit, alors que Ryu Hayabusa est l’un des ninjas les plus charismatiques — et badass — de l’histoire des ninjas. On se retrouve alors avec Yakumo, sorte de mélange improbable entre un membre du groupe Tokio Hotel et Eric Draven (The Crow). Coupe courte avec des mèches blanches, masque qui recouvre son visage qu’on imagine aux traits fins : la sauce ne prend pas pour ce ninja emo du clan des corbeaux (promis, on n’invente rien). D’ailleurs, quand on croise ce bon vieux Ryu ou, pire, quand on l’incarne à nouveau (nostalgie), la douleur de jouer un personnage sans âme ni présence n’en devient que plus grande.
On prend un malin plaisir à découper nos victimes
Heureusement, Yakumo sait se battre. Ou, plutôt devrait-on dire, il sait trancher. Si vous recherchez une expérience viscérale, dans laquelle on ressent vraiment la chair qui se coupe sous les coups de sabre, et où le sang coule à flot, alors vous allez être servi. Sur ce point, Ninja Gaiden 4 ne déçoit pas : on prend un malin plaisir à découper nos victimes, et on est même encouragés à le faire. Ainsi, quand un ennemi se retrouve avec un membre en moins, on peut le terminer dans un florilège de violence jouissive, voire sadique, pour écourter les affrontements. Ninja Gaiden 4 prend alors des allures de jeu de nettoyage, même s’il y a toujours de l’hémoglobine derrière soi.

Un gameplay contre-intuitif
Ninja Gaiden 4, un jeu dur ?
Oui, Ninja Gaiden 4 impose un défi relativement corsé, mais vous pouvez adoucir la difficulté au besoin, et à l’envi.
En dépit de cette qualité touchant aux sensations pures et dures, le titre imaginé par PlatinumGames et Ninja Theory pêche dans son gameplay. Réputé difficile, le premier Ninja Gaiden prenait parfois des allures de jeu défensif : on se terrait derrière sa garde en encaissant les coups (sans prendre aucun dégât), en attendant le moment opportun pour riposter. Ninja Gaiden 4 reprend ce principe à son compte, avec deux twists plus ou moins fâcheux. Déjà, la garde peut se briser, mais ce n’est pas très grave. Ensuite, les décors ne font que cracher des hordes et des hordes d’ennemis, certains d’entre eux ayant tendance à nous canarder à distance. Une plaie.
Dès lors, Yakumo peut utiliser une autre compétence pour s’en sortir : l’esquive. Placée au dernier moment, elle pourra même ralentir le temps. Une bonne idée sur le papier, mais qui accouche en réalité d’un gros souci de feeling. Ce ralentissement est plus un inconvénient qu’un avantage, tant il a plutôt tendance à casser le rythme du combat, à entraîner des coups adverses gratuits (qu’on ne pourra plus anticiper) et à nuire à la lisibilité (toujours plus d’effets parasites à l’écran). Ce ne sont d’ailleurs pas les démons, soldats et autres bizarreries les vrais ennemis dans Ninja Gaiden 4, mais bien la visibilité. Dans plusieurs séquences, on n’y voit pas grand-chose, et on n’y comprend plus rien — encore plus pendant les trop nombreuses phases de plateforme (chutes libres, rails…).

Pour ne rien arranger, les deux studios japonais ont choisi d’attribuer par défaut la garde à l’une des gâchettes, ce qui engendre une légère latence quand on décide de l’enclencher (on peut modifier la configuration dans les paramètres). À cela s’ajoute une autre donnée à prendre en compte, liée à l’autre gâchette et à une palette de coups puissant, car insufflés de sang (avec une jauge dédiée). Concrètement, quand les ennemis préparent une attaque rouge, la simple garde ne suffira pas. En résultent des manipulations qui finissent par être contre-intuitives, dans un jeu normalement pensé pour être intuitif et plaisant, qui plus est dans lequel il est nécessaire d’être vif. Et ne vous attendez pas à ce que tout soit clair dans ce qui fait office de tutoriel, lors des premières minutes de jeu.

Une DA qui nous vomit dessus
On a déjà évoqué l’immense défaut de la lisibilité. Elle n’est pas aidée non plus par l’habillage visuel. On a clairement l’impression que Ninja Gaiden 4 nous vomit dessus des environnements tous plus horribles, sombres et déprimants les uns que les autres. Les quelques niveaux naturels n’aident même pas à sauver la mise, et on a envie de pleurer du sang à force de se balader dans des bâtiments, des cavernes, des flancs de falaise, des égouts, des boîtes de nuit… Et quand on se retrouve à affronter des démons poissons sur une piste de danse, on se demande ce qu’on fait là. Rien n’est lumineux dans Ninja Gaiden 4 : tout est noir, animé de néons rouges et bleus sans âme. Il ressemble à la pire rave party — thème cyberpunk — de votre vie.
Ninja Gaiden 4 a au moins pour lui sa fluidité, qui appuie la frénésie de l’action sans faillir. À défaut d’être inspiré graphiquement, le titre de Team Ninja et PlatinumGames se prévaut au moins d’une solidité technique idéale. De là à dire que les développeurs ont sacrifié la fidélité pour assurer le reste, il n’y a qu’un pas. En tout cas, en 12 heures de jeu pour terminer la grosse dizaine de chapitres (inutilement longs pour certains), réparties entre la Xbox Series X et l’Asus Rog Xbox Ally X, on n’a déploré aucun pépin.

Enfin, on préférera ne pas évoquer l’histoire de Ninja Gaiden 4 : elle n’a aucune base narrative qui donne envie de s’extasier (il y a même un peu de recyclage dans la dernière portion du jeu). Tout juste pourra-t-on apprécier les cinématiques, qui sont bien réalisées, et les apparitions hypnotisantes de ce bon vieux Ryu Hayabusa. C’est à peu près tout, et d’aucuns rappelleront qu’on ne joue pas à Ninja Gaiden pour l’histoire. C’est vrai. Mais c’est triste, là aussi.
Le verdict

Ninja gaiden 4
Voir la ficheOn a aimé
- Des bonnes sensations quand on tranche
- C’est fluide tout le temps
- Le charisme de Ryu Hayabusa
On a moins aimé
- La DA est atroce
- Pourquoi on ne joue pas Ryu tout le temps ?
- Gameplay bancal
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