Pour accélérer le déploiement des salles capables de projeter des films en 3D, le CNC pourrait renoncer à une norme qui garantit une luminosité relativement homogène sur l’ensemble de l’écran.

C’est le président de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD), Pascal Rogard, qui tire la sonnette d’alarme sur son blog. Le Centre National de la Cinématographie (CNC) serait sur le point de modifier les textes qui fixent les normes sur la qualité de projection en salles de cinéma, pour autoriser l’installation d’écrans metalliques adaptés à la 3D, qui n’offrent pas le même niveau de qualité visuelle que les écrans traditionnels.

La réforme envisagée viserait selon Pascal Rogard à « amputer la norme technique française du cinéma numérique de la disposition qui garantit que l’écart de luminance entre le point le plus lumineux et le point le moins lumineux ne dépassera pas 25%« . En clair, si cette modification est adoptée, les films projetés pourront être beaucoup moins lumineux sur les côtés et dans les angles qu’au coeur de l’image, avec une différence de plus d’un quart.

« Cette dérogation vise à entériner l’installation des écrans métalliques adaptés aux projections 3D, mais qui présentent l’inconvénient de porter fortement atteinte à la luminosité des films d’un autre format« , s’inquiète le patron de la SACD. « Il s’agit de dégrader la qualité des films en salles et de porter atteinte au droit moral des auteurs ainsi qu’ au travail des techniciens pour diminuer les coûts d’investissement des exploitants« , analyse-t-il. Il craint, surtout, que les spectateurs ne voient plus l’intérêt de se rendre en salle si les films projetés n’y sont pas de meilleure qualité qu’à la maison.

L’an dernier, un rapport de L’Observatoire européen de l’audiovisuel avait montré que la France s’était équipée plus rapidement que ses voisins en écrans numériques, mais trop tôt. Les exploitants de salles de cinéma ont investi dans une technologie qui n’était pas adaptée à la 3D, et cherchent désormais à limiter les investissements pour préférer les écrans métalliques (avec lunettes polarisées) aux écrans mat qu’il faut combiner avec des lunettes à obturation alternée, plus coûteuses.

En septembre 2010, le ministère de la Culture a publié un décret pour aider les exploitants à s’équiper, mais il concerne exclusivement les petites salles indépendantes.


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