Depuis le début de l’année, Netflix est en guerre contre les VPN. Une attitude qui a donné naissance à une pétition, mais aussi à une tentative de dialogue.

C’est en début d’année que Netflix a décidé de siffler la fin de la récréation, en faisant part de sa détermination à neutraliser les petits malins qui emploient divers artifices techniques — comme les réseaux privés virtuels (VPN) — pour tenter de profiter d’un autre catalogue du service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) que celui prévu pour leur pays d’origine.

L’ouverture des hostilités contre les VPN, proxies et autres unblockers qui échappent aux limitations géographiques de la plateforme américaine a déjà donné lieu à des réactions remarquées, à l’image du fournisseur NordVPN qui, conscient que la guerre de Netflix va sans doute lui faire perdre des clients, a décidé de faire sien ce combat en se plaçant du côté des resquilleurs.

netflix

Netflix ne plaisante pas avec l’accès à ses catalogues.

C’est dans ce contexte qu’est née une pétition réclamant un changement de politique de la part de Netflix.

Lancée en début d’année sur Openmedia, elle rassemble aujourd’hui plus de 45 000 signatures. L’argument central développé par la pétition porte sur le respect de la vie privée qu’offre l’usage d’un VPN dans un contexte post-Snowden où il a été démontré que les services de renseignement — principalement la NSA — procèdent à une surveillance de masse sur Internet. Cela dit, on se demande bien toutefois pourquoi un internaute aurait peur que la NSA découvre qu’il ne regarde pas Marseille mais plutôt une série qui n’est pas disponible en France.

« Nous sommes des clients de Netflix parce que nous adorons vos services et nous apprécions aider les créateurs. C’est formidable de regarder des contenus de qualité et de savoir que les auteurs sont rémunérés au passage. Mais nous aimons aussi notre vie privée », lit-on dans la lettre ouverte qui a été ajoutée le 11 mai à la pétition, et qui s’adresse à Reed Hastings, le patron de Netflix.

En réalité, le sujet de la discorde porte évidemment peu sur la protection de la vie privée, relativement hypocrite sur un service de vidéos à la demande qui, de toute façon, conserve un historique de tout ce que regarde l’abonné. Il s’agit principalement de pouvoir continuer à contourner les accords d’exclusivité imposés par les producteurs, qui limitent la diffusion de leurs séries ou de leurs films à certains pays

Dernièrement, en tant qu’abonnés, vous ne nous avez pas bien traités

« Dernièrement, en tant qu’abonnés, vous ne nous avez pas bien traités. Ces derniers mois, Netflix a commencé à empêcher les usagers de VPN d’accéder à n’importe quel catalogue de Netflix, comme un moyen pour améliorer les restrictions portant sur des accords de licence nationale », poursuit la pétition, qui plaide pour un assouplissement du site de SVOD sur ce point.

En fait, Netflix aimerait pouvoir accepter les VPN. Il lui suffirait de proposer des licences internationales, de façon à ce que tout le catalogue du service soit le même pour tous, qu’importe le pays dans lequel se trouve l’usager. La levée des restrictions géographiques est un souhait de longue date, mais celles-ci sont malheureusement imposées par contrat lors de la négociation des licences d’exploitation.

House of Cards

L’accès aux saisons de House of Cards sur Netflix, un problème français.

Le cas le plus célèbre en France est celui de la série House of Cards, qui a été achetée par Canal+ et qui a été pendant longtemps inaccessible aux clients situés dans l’Hexagone. La situation a toutefois changé ce printemps avec la sortie de la saison 4. En effet, Netflix est parvenu à reprendre le contrôle des trois autres saisons de manière à les proposer sur son service. Mais de nombreuses autres séries ou films restent indisponibles en France, parce que leurs droits exclusifs ont été achetés par Canal+, Orange, SFR-Numericable, ou d’autres diffuseurs, ou parce que leurs droits n’ont pas été achetés du tout pour la France, pas-même par Netflix.

Les signataires de la pétition sont bien conscients de ce problème et comprennent que le site ne peut pas se mettre en difficulté avec les détenteurs de droits, sous peine de ne plus pouvoir faire des affaires avec eux par la suite. « Nous ne sommes pas déraisonnables. Nous comprenons que vous avez des obligations contractuelles avec les ayants droit des contenus que vous distribuez », poursuit la lettre ouverte.

[floating-quote float= »right »]Identification et blocage des adresses IP suspectes[/quote]

« Mais nous croyons qu’il y a de meilleures façons pour vous de respecter les auteurs et d’appliquer vos restrictions géographiques et vos obligations contractuelles que par le blocage pur et simple que d’empêcher vos clients soucieux de la vie privée d’accéder à votre service », continuent les pétitionnaires. Et d’inviter Reed Hastings à les rencontrer pour envisager une alternative.

Netflix ne précise évidemment pas la stratégie qu’il emploie pour contrer les proxies, les VPN et les unblockers. On peut toutefois imaginer que le service de vidéo à la demande par abonnement cherche à identifier certaines adresses IP exploitées par les principaux fournisseurs de service afin de les bloquer ensuite. C’est une méthode simple, qui requiert toutefois de l’actualiser pour qu’elle reste pertinente.

Interrogé par TorrentFreak, un porte-parole d’OpenMedia, David Christopher, a suggéré que Netflix pourrait lier l’accès au catalogue avec l’adresse de facturation par exemple. Une adresse basée en France donnerait droit au catalogue prévu pour l’Hexagone. Ce ne serait pas une parade absolue, mais elle satisferait les signataires de la pétition plaidant pour le droit aux VPN.

Reste à savoir si Netflix répondra à cette volonté de dialogue. Si une pétition comptant 45 000 signatures n’est pas négligeable, elle ne pèse pas bien lourd face au nombre total de ses clients (en début d’année, Netflix annonçait près de 75 millions d’abonnés dans le monde) et face aux enjeux commerciaux avec les ayants droit. En outre, Netflix est persuadé que son combat ne fait pas fuir ses clients.

Source : Montage Numerama

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