L’application, qui permet aux victimes comme aux témoins de rester anonymes, permettra de mettre en place des politiques et des plans d’actions plus précis.

Alors que les actes LGBTphobes sont en augmentation depuis des années, l’association FLAG, qui regroupe les agents LGBT du Ministère de la Justice et de l’Intérieur, a lancé une application permettant de les signaler.

Que vous soyez victime ou témoin d’une agression ou de violences conjugales, vous pourrez dorénavant rapporter les actes anonymement sur l’application FLAG, disponible gratuitement sur le Play Store Android et bientôt sur l’App Store Apple.

Cependant, il faut noter que les signalements recueillis ne seront pas équivalents à une main courante ou à un dépôt de plainte, pour lesquels il faudra toujours se rendre dans un commissariat ou dans une gendarmerie.

« Ces informations vont être conservées par FLAG », nous précise Johan Cavirot, le président de l’association, « et serviront à la création d’une étude sociologique sur les agressions ». Réalisée en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès, un organisme d’étude politique, les résultats de cette analyse seront publiés début 2021. Une étude sera ensuite publiée annuellement.

« À l’issue du signalement, la victime sera également orientée vers les interlocuteurs appropriés, que ce soit pour un dépôt de plainte, un signalement Pharos, ou bien directement vers un officier de liaison LGBT », précise Johan.

Un drapeau LGBT (image d'illustration) // Source : Flickr

Un drapeau LGBT (image d'illustration)

Source : Flickr

L’idée n’est pas de donner des noms mais de permettre de fournir de l’aide à des personnes potentiellement en détresse : c’est pour cette raison que l’app ne vous demande pas de donner l’identité d’un agresseur. Les utilisateurs sont également anonymes.

Comment l’application marche-t-elle ?

Il est possible de signaler tous les types d’agressions sur Flag, grâce à un questionnaire très précis. Il faudra d’abord spécifier si le signalement est fait en tant qu’agent ou civil, puis comme témoin ou comme victime. La date, l’heure et le lieu de l’agression sont ensuite demandés : il est possible d’indiquer que les actes se sont déroulés sur Internet, auquel cas il faudra rentrer le nom du site.

Une partie des informations à renseigner sur l'application Flag // Source : Flag / Numerama

Une partie des informations à renseigner sur l'application Flag

Source : Flag / Numerama

Vient ensuite le moment de détailler les violences, à choisir parmi une tristement longue liste d’actes, allant des injures aux menaces de mort. Il est également demandé de choisir la « catégorie » de l’acte : s’agit-il d’homophobie ? de sérophobie ?  de violences conjugales dans un couple transgenre ?

Il nous est ensuite demandé, tout en restant anonyme, de fournir des informations sur l’auteur des violences, (est-ce une personne de la famille ? un inconnu sur internet, un policier ou tout autre agent du Ministère de la Justice ?).  Ensuite, il faut décrire les actes (cette étape n’est pas obligatoire), puis renseigner son âge, son genre, sa catégorie professionnelle, et son profil (personne civile, agent du Ministère l’Intérieur etc).  Il n’y a ensuite plus qu’à signaler.

Des actions mieux ciblées

Le FLAG espère que ces données serviront à la mise en place de politiques « plus précises et mieux ciblées ». « Nous pourrons notamment voir où les LGBTphobies sont les plus fortes : dans la rue, dans les entreprises, dans les villes ou les campagnes … », note Johan.

Les commissariats et les gendarmeries auront accès immédiatement à ces informations, afin de pouvoir renforcer leurs actions le plus rapidement possible. Les commissariats centraux de Bordeaux et de Paris sont déjà partenaires de l’initiative.

« Nul n’ignore que le nombre de faits enregistrés par la Police Nationale et la Gendarmerie Nationale […] ne reflètent en rien la réalité », rappelle l’association. « Nombreuses sont les victimes qui ne déposent pas plainte par appréhension ou face à la difficulté d’obtenir des condamnations des auteurs de contenus haineux homophobes ou transphobes ». Avec cette application, l’association compte ne plus « rien laisser passer ».

Reste une nuance à apporter, sur les données cartographiées : quel genre de conclusions sera-t-il possible de tirer d’une carte sur laquelle certaines quartiers ressortent plus que d’autres ? Vu qu’il faut prendre en compte la densité de population, il semble évident que certaines zones seront plus être mises en avant que d’autres, sans qu’il soit possible d’en faire des généralisations.

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