Le système de vérification de l’âge des internautes voulant accéder aux sites pornos se déploiera le 15 juillet au Royaume-Uni.

La mise en place du « pass porno » se précise au Royaume-Uni. En principe, l’entrée en vigueur du dispositif est fixée au 15 juillet 2019. À cette date, tous les sites faisant des affaires grâce à la pornographie devront mettre en place un système permettant de tenir à l’écart les mineurs. Quant aux adultes, ils devront préalablement prouver leur âge avant de pouvoir se connecter à tel ou tel site.

Le « pass porno » est un projet très ancien dans le débat britannique. Le sujet est sur la table depuis au moins 2015. Auparavant, la régulation des contenus pour adultes était envisagée à travers le filtrage pur et simple des sites, et par défaut (mais avec une option à désactiver pour lever le filtrage) mais une telle approche a montré ses limites avec du sur-blocage.

Par la suite, c’est l’obligation faite pour les sites pour adultes de vérifier l’âge des visiteurs sous peine d’être bloqués qui a été privilégiée. Il était alors question de faire ce contrôle en s’appuyant sur la carte bancaire et de bloquer les sites qui contreviennent à la loi. En fin de compte, le système passera par une plateforme dédiée, appelée AgeID, qui a été mise en place par la société-mère de PornHub et YouPorn.

pornhub

Vérification de l’âge avec AgeID

Le système fonctionne ainsi : un internaute s’inscrit sur AgeID avec une adresse mail et un mot de passe. Une fois son adresse mail vérifiée, il se rend sur son compte AgeID et opte pour la méthode de vérification de l’âge de son choix : permis de conduire, passeport, carte bancaire, SMS. Ces éléments sont fournis par des tiers partenaires, explique iNews.

Cette vérification ne se fait pas du côté d’AgeID, mais du côté du fournisseur. Une fois la validation obtenue, le partenaire envoie juste à AgeID l’indication que l’internaute est majeur. Ce cloisonnement vise à éviter qu’AgeID ne se retrouve avec des données personnelles. Cela évite ainsi le scénario catastrophe des données qui sont stockées puis qui se font pirater avant d’être mises en ligne.

En cas de non-conformité avec la loi britannique, les sites pour adultes s’exposent à une amende de 250 000 livres sterling (environ 290 000 euros) ou par le blocage pur et simple au niveau des fournisseurs d’accès à Internet. La seconde disposition vise essentiellement les sites étrangers qui pourraient ne pas vouloir se conformer avec la législation, parce qu’ils opèrent depuis un pays lointain.

Wired a toutefois publié un argumentaire selon lequel il prévoit l’échec du système :

  • D’abord, il y a  trop de sites pornographiques. Les plus gros joueront peut-être le jeu, mais beaucoup ignoreront même jusqu’à l’existence d’AgeID.
  • Ensuite, il est à prévoir une hausse des astuces pour gruger le système, de la même façon que les mineurs tentent par exemple de tricher sur leur âge pour acheter de l’alcool. On peut par exemple penser à l’emploi d’un VPN pour cacher sa vraie position géographique.
  • Cela va aboutir à faire une base de données sur la pornographie, même s’il est prévu un cloisonnement des données pour éviter de remonter à l’identité de quelqu’un.
  • Londres a fait le choix de confier à l’industrie du porno de réguler le porno. Si on peut dire qu’elle connait forcément son sujet, elle se retrouve juge et partie. Et cela pose aussi la question de l’accès aux données personnelles.
  • Il y a également le risque du surblocage, avec des sites légitimes pris dans les filets d’une décision de blocage parce qu’un site porno n’a pas respecté la loi

D’après les statistiques d’une étude menée par l’université du Middlesex et par la NSPCC, une association caritative de protection des enfants, deux tiers (65 %) des adolescents de 15-16 ans et presque la moitié (48 %) des 11-16 ans ont déjà vu de la pornographie sur le net. 28 % des enfants tomberaient dessus par hasard tandis que 19 % chercheraient à en trouver volontairement.

En France, il n’existe pas de projet de la sorte même si cette proposition a pu parfois émerger des rangs du parlement. On se souvient toutefois qu’en février 2017, Laurence Rossignol, alors ministre de la Famille –, se disait favorable à l’interdiction de tous les sites pornos aux mineurs, estimant que le porno « est une violence faite aux femmes » et que « l’accès facile à la pornographie » constitue aussi « une violence faite aux enfants ».

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