Auditionnée par le Sénat, la présidente de la Hadopi Marie-Françoise Marais s’est montrée hésitante devant la commission d’enquête sur les autorités administratives indépendantes. Mais plus que ses réponses, assez prévisibles, c’est son attitude qui a donné un éclairage sur l’ambiance dégradée au sein de la Hadopi.

Une intervention sans relief. Tel est le sentiment qui prévaut à l’issue de l’audition de Marie-Françoise Marais, la présidente de la Hadopi. Invitée ce mercredi au Sénat dans le cadre d’une commission d’enquête sur les autorités administratives indépendantes, la patronne de l’institution s’est souvent montrée hésitante dans les réponses aux questions qui lui étaient posées.

Après un propos liminaire lui permettant de revenir sur l’origine de la loi Hadopi, sur la complémentarité de ses missions et la mise en route poussive de l’organisme (il a fallu 14 décrets pour que tout soit opérationnel), Marie-Françoise Marais a surtout insisté sur la baisse régulière du budget et la situation sociale du personnel, qui fait malgré tout preuve, selon elle, d’une grande abnégation dans l’adversité.

L’audition a aussi permis d’obtenir quelques statistiques sur l’activité de la Hadopi. Ainsi, la commission de protection des droits reçoit chaque jour 70 000 saisines provenant des ayants droit et a la capacité d’en traiter environ une sur deux. Marie Françoise-Marais a aussi précisé que 60 % du budget de la Hadopi – qui a beaucoup baissé depuis 2012 – va à la riposte graduée.

FRACTURE AU SEIN DE LA HADOPI

Mais plus que ses réponses, ce sont les silences et les incertitudes de la présidente de la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet qui ont été éclairants.

Ainsi, elle a manqué de conviction pour justifier la « bicéphalité » de la Hadopi, avec une présidente du collège (Marie-Françoise Marais) et une présidente de la commission de protection des droits (Mireille Imbert-Quaretta). Reconnaissant « qu’il y a eu des périodes difficiles« , avec en particulier des « frictions » entre les deux têtes de l’institution, Marie-Françoise Marais l’assure : « maintenant, ça va mieux« .

Mais le plus marquant de cette audition sans ambition a clairement été le manque d’entrain avec lequel Marie-Françoise Marais a pris la défense du secrétaire général quand les questions des sénateurs ont porté sur Eric Walter, que les cinéastes aimeraient bien abattre faute pour lui de manifester une préoccupation suffisante quant à la défense de leurs intérêts face au piratage.

« Le lâchage d’Eric Walter par Marie-Françoise Marais à l’audition Hadopi en dit long sur l’ambiance interne et les pressions des lobbys« , commente Adrienne Charmet-Alix, coordinatrice des campagnes chez La Quadrature du Net.

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