Il faut croire que tout peut s'acheter, même le respect de la vie privée. Selon une étude conduite par deux chercheurs américains du département économique de l'université du Colorado, Scott Savage et Donald M. Waldman, les individus seraient prêts à payer le développeur d'une application mobile pour que celle-ci respecte leurs données personnelles dans l'espace numérique.
Relayé par The Atlantic, le sondage se révèle étonnant. Il montre que les usagers sont disposés à payer en moyenne 2,28 dollars pour protéger l'historique de navigation, 4,05 dollars pour le carnet d'adresses, 1,19 dollar pour leur position géographique, 1,75 dollar pour le numéro d'identification du mobile, 3,58 dollars pour le contenu des messages et 2,12 dollars pour éviter la publicité.
Menée auprès de 1700 usagers, l'étude rappelle que les applications proposées par l'App Store ou Google Play sont généralement gratuites. De plus, lorsqu'un usager en installe une sur son téléphone, il valide souvent dans la foulée et sans faire attention une cascade d'autorisations permettant au logiciel d'accéder au stockage, aux appels, aux communications ou encore au système.
Selon les auteurs de l'étude, qui ont passé en revue un échantillon de 15 000 programmes, une application standard affiche de la publicité et réclame l'accès à la position géographique et au numéro d'identification du mobile. L'usager devrait verser 5,06 dollars au développeur d'une application mobile pour préserver sa vie privée et 12,69 dollars si tous les autorisations sont concernées.
Dans la mesure où un usager télécharge en moyenne 23 applications, sachant en outre que neuf applications téléchargées sur dix sont gratuites, le montant moyen à débourser par un usager atteint sans difficulté les 100 dollars. Un peu cher pour s'offrir une vie privée, d'autant qu'il existe d'autres moyens de monétiser une application mobile comme la publicité ou les achats intégrés.
Le principe d'acheter sa vie privée afin de bloquer certaines autorisations est pernicieux, car ce:a introduit l'idée d'une vie privée à plusieurs vitesses, où la distinction entre les différents niveaux se ferait en fonction de l'épaisseur du porte-monnaie. Un individu aisé aurait moins de difficulté à payer le montant nécessaire pour avoir une application respectueuse de sa vie privée qu'un usager moins fortuné.
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