Il fallait oser. Dans une interview accordée à 01Net Magazine, reprise par Univers Freebox, le fondateur de Free Xavier Niel reconnaît sans mal les lenteurs extrêmes de YouTube pour les abonnés de Free. Mais il prétend que si l'opérateur ne met pas ses infrastructures à niveau pour satisfaire la demande de ses clients, c'est en réalité pour leur propre bénéfice.
"YouTube et Google estiment qu’ils ont un tel pouvoir d’attractivité qu’ils vont pouvoir utiliser nos réseaux sans rémunérer l’excès de trafic qu’ils générèrent. Ce qui n’est pas la règle dans le monde de l’Internet", explique-t-il. "On a décidé de ne pas se laisser faire. Si on ne fait pas ça aujourd’hui, les abonnements vont grimper de 5 à 15 euros par mois, juste pour payer le surplus de la bande passante de Google".
Une énormité qui sous-entend qu'avec ses 5,3 millions d'abonnés haut-débit, l'accès normal aux services de Google coûterait entre 320 millions et 950 millions d'euros supplémentaires par an. Qui peut y croire ?
Dans une interview aux Echos accordée en début d'année, le fondateur et dirigeant d'OVH Octave Klaba expliquait que "Youtube ne pose pas de problème véritable aux fournisseurs d'accès", parce que "les volumes ne sont pas énormes", et "les sommes en jeu non plus". Il estimait par exemple que "Orange, qui a réussi à obtenir un paiement de Google pour s'interconnecter, ne gagne probablement pas plus de 5 millions d'euros par an". Or Orange a davantage d'abonnés que Free, et ceux-ci ne vont pas moins sur YouTube.
En revanche, Octave Klaba expliquait que "les opérateurs télécoms se préparent à l'arrivée demain de la Google TV, qui nécessitera peut-être 1 à 4 Mbps par utilisateur, soit 1 à 3 euros par abonné en coût de bande passante", et non entre 5 et 15. Free ne veut donc pas simplement lutter contre l'excès de bande passante utilisée par ces services, mais lutter contre un concurrent direct de la Freebox Révolution qui lui permet d'augmenter son revenu moyen par abonné (ARPU) avec des services complémentaires comme la VOD ou les jeux vidéo. Mais selon le patron d'OVH, qui a préféré ne pas livrer cette bataille, la guerre est perdue d'avance.
Pour Xavier Niel, "mieux vaut une petite crise des débits maintenant que des prix élevés demain". Il nie tout bridage actif de YouTube, mais reconnaît que Free ne met plus ses infrastructures à jour. "On ne bride l’accès à personne, mais on arrête l’escalade : on a un tuyau d’une certaine taille pour le trafic de Google et on n’en rajoute pas".
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