Selon OVH, les FAI n'arriveront pas à imposer leurs box triple-play face aux Apple TV ou autres Google TV, ce qui explique en grande partie les tensions telles que celles qui existent entre Google et Free.

Contrairement à Free, Orange, Bouygues Telecom ou SFR, OVH a fait le choix de proposer des offres ADSL sans télévision ni vidéo à la demande, ni autre services proposés sur les box des fournisseurs d'accès à internet. Et pourtant, alors qu'il s'agit de services très demandés, OVH (qui proposera en février son offre de VPN) compte déjà près de 100 000 abonnés à ses offres ADSL, proposées à près de 30 euros par mois. L'opérateur les a convaincu en misant sur la qualité du service offert, avec une bande passante garantie et le refus de tout bridage ou filtrage, mais aussi en considérant que la bataille pour le téléviseur était vaine.

En effet, en inventant le modèle de la box triple-play, au point d'en faire la clé de voute de son offre tarifaire, Free s'est positionné tel le village d'Asterix voulant reste le point d'entrée privilégié au téléviseur, alors qu'il affronte les romains Apple, Google, Microsoft, Samsung, LG et bien d'autres. Il veut que la Freebox reste le lieu premier où acheter des films en VOD, des jeux vidéo ou de la musique, plutôt que les Apple TV, Google TV et autres téléviseurs ou boîtiers connectés que veulent ou voudront imposer les industriels qui travaillent, eux, sur un marché mondial. Les autres opérateurs français ont la même vision.

Mais selon le fondateur d'OVH Octave Klaba, cette stratégie est vaine à moyen ou long terme. "Je pense que dans la guerre de la télévision, Apple, Netflix et Google gagneront", confie-t-il aux Echos. Selon lui, les opérateurs eux-mêmes commencent à en avoir conscience, d'où la tension qui croît s'agissant des coûts d'interconnexion. "Aujourd'hui, Youtube ne pose pas de problème véritable aux fournisseurs d'accès", assure-t-il, "mais les opérateurs télécoms se préparent à l'arrivée demain de la Google TV, qui nécessitera peut-être 1 à 4 Mbps par utilisateur, soit 1 à 3 euros par abonné en coût de bande passante".

OVH a préféré anticiper, en n'investissant pas un seul euro dans le développement d'une box, mais en proposant un réseau le plus à même d'accueillir ce besoin accru en bande passante.

Les FAI français "prisonniers d'une posture"

Or tout le problème, pour Free, Orange, Bouygues et SFR, est de rester rentable et de continuer à croître en perdant la box triple-play qui était devenue leur relais de croissance. Free a imposé avec bonheur en France le modèle de l'abonnement illimité autour de 30 euros par mois, alors qu'aux USA et au Canada, "on peut payer 120 euros par mois pour un service triple play". Mais Octave Klaba estime que les FAI français "sont prisonniers d'une posture, de leur image", parce que "tout leur marketing repose sur un prix très bas depuis dix ans".

Puisqu'ils peuvent difficilement augmenter la facture de l'abonné, les FAI préfèrent augmenter celle des éditeurs dont les services sont les plus consommateurs de bande passante. Mais ils auront bien du mal à le faire sans procéder à des méthodes très discutables, comme le bridage ou le chantage, ou sans atteindre à la neutralité des réseaux. 

Le risque est en effet que les opérateurs créent une sorte d'internet à deux vitesses, entre l'internet de base ouvert et neutre mais très lent, et l'internet "service géré" qui sera fermé, intégré aux box accessibles sur le téléviseur, avec un accès beaucoup plus rapide. C'est déjà en quelques sortes la tactique déployée par Orange pour privilégier son Cloud sur l'accès mobile.

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