Samedi, les quelques 330 000 habitants de l’Islande décideront de leur avenir lors d’élections législatives qui pourraient bien être les premières au monde à mettre au pouvoir un parti politique né sur Internet. À 24 heures du scrutin, le jeune Parti Pirate islandais est bien positionné pour diriger une coalition de petits partis qui gouverneraient le pays, en lieu et place des deux principaux partis traditionnels.
Les derniers sondages publiés sur l’île nordique, réalisés semaine, donnent le Parti de l’Indépendance (centre-droit) en première position à 22,5 % d’intentions de vote, devant le Parti Pirate qui arriverait en seconde position avec 21,7 % des voix. De tels scores permettraient au PP d’avoir 14 sièges au Parlement, soit deux de moins seulement que le PI.
Mais alors que les Indépendants sont isolés sur la scène politique islandaise, le Parti Pirate négocie des alliances qui lui permettraient de prendre le pouvoir, notamment avec le mouvement des écologistes de gauche, qui arrive en troisième position avec 16,8 % d’intentions de vote.
Mais il n’est pas certain à la vue des courbes d’opinions que le Parti Pirate, créé il y a quatre ans, se retrouve le jour J en position de dicter ses conditions.
Un Parti pirate en perte de vitesse
Les deux partis, dont les agendas politiques se rejoignent sur un rejet des partis traditionnels, ont connu ces derniers mois des trajectoires opposées dans les sondages. Le Parti Pirate, qui était monté extrêmement haut avec pas loin d’un électeur sur deux qui déclarait vouloir voter pour lui en avril dernier, a vu ses intentions de vote s’écrouler depuis, à la faveur des écologistes. En six mois, le PP a perdu près de la moitié des voix qui lui étaient annoncées. Mais son score attendu reste extraordinaire compte tenu de l’inexistence totale du Parti Pirate avant 2012.
Par définition seuls les résultats des urnes donneront le vainqueur, dans un petit pays où l’électorat est extrêmement volatile. Tout peut encore évoluer dans un sens comme dans l’autre, dans les quelques jours qui précéderont le vote. Une bonne part d’incertitude concerne la mobilisation de l’électorat jeune, qui est le plus susceptible de voter Pirate.
Le Parti Pirate, qui reste confiant sur sa position à l’issue du scrutin, a déjà fait savoir qu’il refuserait toutes négociations avec le Parti Progressiste ou le Parti de l’Indépendance. Il a revanche envoyé des courriers à tous les autres partis représentés à l’élection, pour proposer la formation d’une alliance dans le nouveau Parlement issu des résultats du 29 octobre.
Dans son programme, le Parti Pirate plaide pour une réforme du droit d’auteur bien sûr, mais aussi et surtout pour une meilleure protection de la liberté d’expression et de la vie privée, une démocratie plus directe, une plus grande transparence de la vie politique, une durée légale de travail hebdomadaire de 35 heures (elle est actuellement de 40 heures), un meilleur encadrement des crédits à la consommation, ou encore une dépénalisation des drogues.
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