Le Conseil National du Numérique, dont les membres sont désignés par le Président de la République, annonce qu’il donnera son avis sur le programme des candidats à la Présidence de la République. Ubuesque.

Très étrange initiative que celle du Conseil National du Numérique, dont la composition et l’activité ressemble bien davantage à celles d’un lobby défendant des intérêts privés qu’à celles d’une institution publique. Sur son compte Twitter, le CNNum a indiqué qu’il « annoncera prochainement son mode d’évaluation des programmes des candidats aux présidentielles« , dans le cadre d’un « partenariat« .

Sur le papier, le CNNum a toute liberté pour réaliser un tel audit. Selon son décret de création du 29 avril 2011, le Conseil National du Numérique « a pour mission d’éclairer le Gouvernement et de participer au débat public dans le domaine du numérique« . Il est également appelé à formuler « de sa propre initiative des recommandations en faveur du développement de l’économie numérique en France et contribue aux réflexions prospectives sur ce secteur« .

Mais aussi légale soit-elle, cette initiative nous semble particulièrement choquante venant d’une institution dont les membres sont désignés par Nicolas Sarkozy lui-même. Alors qu’il est composé exclusivement d’industriels, sans représentants des consommateurs, quelle est la légitimité du Conseil National du Numérique pour évaluer les programmes des candidats en 2012, et quelle sera son indépendance réelle pour critiquer celui de l’actuel président de la République, s’il candidate à sa propre succession ? Si le Président de la République change, faudra-t-il regarder d’un air suspect en 2013 les reconductions des mandats bi-annuels de ceux qui avaient applaudit son programme en 2012 ?

Depuis sa création, le Conseil National du Numérique a été particulièrement sévère à l’égard du gouvernement, en critiquant sèchement la taxe Google, le décret sur le filtrage généralisé, ou l’ordonnance de transposition du Paquet Télécom. Cette dernière, d’ailleurs, ne cite pas l’avis du CNNum que le gouvernement avait pourtant lui-même sollicité. Mais par sa composition et la méfiance permanente qui l’entoure, il est impossible de dire si les critiques émanant du Conseil sont purement objectives, si elles sont influencées par les intérêts privés des sociétés dont les membres composent le CNNum, ou si elles sont guidées par la volonté exagérée de démontrer une indépendance à l’égard du gouvernement.

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