Avec la diffusion sur les réseaux peer-to-peer de 100 millions de profils provenant du réseau social Facebook, se pose également la question de leur exploitation par les sociétés privées. Ces données ont-elles un véritable intérêt marketing ou sont-elles finalement inexploitables ?

Mercredi dernier, un chercheur en sécurité se retrouvait propulsé sur le devant de la scène. La raison ? À l’aide d’un petit script informatique, il était parvenu à compiler les informations publiques d’environ 100 millions de profils dans un seul et même fichier torrent. Et non content d’avoir collecté près de 170 millions de données différentes, le chercheur décida alors de diffuser le tout sur BitTorrent.

Cette affaire avait entrainé une certaine agitation. Premièrement, au regard du volume de données récupérées par un simple script. L’annonce de la « fuite » d’informations appartenant à 100 millions de membres était d’autant plus spectaculaire qu’il y a quelques jours, Facebook annonçait de son côté que le réseau social avait franchi le cap des 500 millions de membres actifs.

Deuxièmement, parce que Facebook a été régulièrement pointé du doigt pour sa gestion très légère de la vie privée des membres du réseau social. Ces dernières années, le site communautaire a été critiqué pour son double-jeu, en poussant les internautes à être moins regardants sur la confidentialité, puis en reculant un peu sur le sujet en faisant un effort de contrition.

L’affaire pourrait cependant connaitre un rebondissement. En effet, le site américaine Gizmodo a publié aujourd’hui un article indiquant des sociétés privées seraient intéressées par ces fameux 100 millions de profils Facebook. Selon un internaute utilisant Peer Block, pas moins de 65 entreprises ont été repérées en train de télécharger ce fichier torrent.

Parmi celles-ci, nous retrouvons Apple, Cisco, Disney, HP, IBM, Mcafee, Motorola, Nvidia, Pepsi, Sega, Sony, Symantec, Time Warner ou encore Ubisoft. La liste présente également des sociétés plus inattendues, comme Boeing, Goldman Sachs, Halliburton, Lockheed-Martin ou Northrop Grumman. Même l’Eglise de Scientologie est présente.

Toutefois, il faut se garder de conclusions trop hâtives. Comme le fait remarquer Gizmodo, le simple fait qu’une société soit présente dans cette liste ne signifie pas pour autant que c’est une décision d’entreprise. Il peut s’agir d’un employé curieux de connaitre le contenu du fichier. Mais cela pose tout de même une question : les sociétés auraient-elles un intérêt à télécharger ce torrent pour l’exploiter à des fins marketing ?

À première vue, les chiffres ont de quoi faire tourner la tête des publicitaires : 170 millions de données provenant de 100 millions de profils. Nul doute que cela cache une véritable mine d’or marketing, avec des indications sur les préférences et les goûts de chacun. Idéal pour commencer à faire du ciblage comportemental, surtout si une entreprise souhaite communiquer vers les membres de Facebook.

Mais encore faut-il que ces nombreuses données aient une véritable valeur marketing. Or, c’est loin d’être avéré. En premier, il faut rappeler dans quelles conditions ces informations ont été récupérées. Le script développé par le chercheur en sécurité n’a fait que puise dans l’annuaire public du réseau social. Il n’y a donc rien de vraiment exclusif qu’on ne peut pas déjà trouver directement sur le site.

Ensuite, le fichier torrent risque de souffrir très vite d’une certaine obsolescence . En effet, certains éléments contenus risquent fort de ne plus être d’actualité dans quelques mois, voire dans quelques semaines. Dans ce cas-là, les différentes entreprises devraient plutôt prospecter directement dans le répertoire public du site communautaire.

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