Avant-hier, le vice-président américain participait à une table ronde dédié au piratage sur Internet, « avec toutes les parties prenantes » afin de faire respecter le droit d’auteur dans la sphère numérique. Si de nombreux exécutifs de l’industrie culturelle ont évidemment participé à ces discussions, d’autres invités furent plus inattendus. En effet, les responsables de plusieurs services de sécurité ont également été de la partie.
En matière de propriété intellectuelle, Joe Biden est sans aucun doute l’une des figures-clés de l’Administration Obama. Grand sympathisant de la RIAA, l’ancien sénateur a beaucoup oeuvré pour renforcer les pouvoirs des ayants droit lorsqu’il avait un mandat de parlementaire. Parmi ces propositions phares, il y avait notamment le renforcement des mesures techniques de protection (proposition de loi rejetée), le soutien au Perform Act (interdiction d’enregistrer et de rejouer à la demande des morceaux diffusés sur les services de radio numérique, satellite ou Internet) ou encore le déblocage d’une enveloppe d’un milliard de dollars pour surveiller les activités illicites sur les réseaux P2P.
Le vice-président avait d’ailleurs présenté cette mesure pour luter contre la pédophilie, cheval de Troie typique des politiques pour justifier aisément le besoin de filtrer Internet. Et nous nous souvenons bien de l’invitation envoyée à Joe Biden par les groupes de pression pour célébrer l’adoption du Digital Millennium Copyright Act, l’équivalent américain de la loi DADVSI.
En 2002, Joe Biden avait déjà présidé une commission baptisée « le vol de la propriété intellectuelle américaine« . Déjà à l’époque, le futur colistier d’Oabama avait marqué la tendance en invitant le Département de la Justice, la RIAA, la MPAA et Microsoft, mais pas un seul représentant des consommateurs, des éditeurs de logiciel de peer-to-peer ou des acteurs d’Internet. Le ton était donné.
Sans surprise, sept ans plus tard rien a changé dans l’esprit de Joe Biden. Wilshire & Washington a publié il y a quelques jours la liste des participants à cette table ronde. On y retrouve donc Sony Pictures (Michael Lynton), Warner Bros (Barry Meyer), Viacom (Philippe Dauman), NBC Universal (Jeffrey Zucker), Warner Music Group (Edgar Bronfman), HarperCollins (Brian Murray), Universal Music Group (Zachary Horowitz), MPAA (Dan Glickman), RIAA (Mitch Bainwol), IATSE (Matthew Leob), AFTRA (Kim Roberts Hedgepeth), DGA (Taylor Hackford et Jay Roth) et SGA (David White).
Du côté de l’Administration Obama, outre Joe Biden, était présent le procureur général (Eric Holder), le secrétaire au Commerce (Gary Locke), mais également – et c’est le plus inattendu – la secrétaire à la Sécurité intérieure (Janet Napolitano), le directeur du FBI (Robert Mueller) et le chef des Services secret (Mark Sullivan). Et du côté des représentants des consommateurs et des associations de défense ? Là, personne n’a été convié.
« Nous sommes extrêmement déçus d’apprendre qu’une réunion portant sur la propriété intellectuelle et le « piratage » se déroulera à la Maison Blanche » avait alors déclaré Gigi Sohn, le co-fondateur et président de Public Knowledge, une organisation non-gouvernementale spécialisée dans ces problématiques. « On ne comprend pas bien pourquoi trois membres de l’Administration, un certain nombre de responsables administratifs et les chefs du FBI et des Services secrets doivent être présents dans une réunion abordant les soucis des grands groupes de médias, en particulier l’industrie cinématographique qui termine une année 2009 sur les chapeaux de roues« .
« Bien que la rencontre avec le vice-président Joe Biden vise soi-disant à rassembler « tous les intervenants pour discuter des moyens de lutte contre le piratage dans cette ère technologique en constante mutation », certains participants manquent cruellement. Si la plupart des des grands groupes sont présents, aucun groupe de défense des intérêts du public, des entreprises high-tech, des fournisseurs d’accès à Internet ou des consommateurs ne participera » a poursuivi le chef de Public Knowledge.
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