Pascal Nègre, Président d’Universal Music France, était l’invité ce matin de France Inter pour débattre de la loi Création et Internet avec la professeur d’économie Françoise Benhamou (voir vidéo ci-dessous). Interrogé par un auditeur sur le préjudice que peut causer le téléchargement à des artistes comme Patrick Bruel ou Johnny Hallyday qui ne donnent pas l’impression d’avoir du mal à payer le loyer de leur HLM, Pascal Nègre a donné des chiffres surprenants sur les revenus des stars.

« Il faut remettre les choses en perspective« , a-t-il demandé. « Vous savez aujourd’hui un artiste quand il vend un disque d’or, ce qui concerne en gros une trentaine d’artistes, l’artiste va gagner grosso-modo 4000 euros par mois. On n’est pas dans le jet privé. Ce sont les profits réalisés par Patrick Bruel, par Johnny Hallyday qui vont nous permettre d’investir dans de nouveaux talents et y a plein de nouveau talents qui ne rencontreront pas le succès« .

Depuis 2006, pour obtenir un disque d’or, il faut vendre 75.000 albums. En 2008, on trouve ainsi Francis Cabrel, Patrick Fiori, André Rieu, Michel Polnareff, Camille, Moby, Julien Clerc, Lynda Lemay, Laurent Voulzy, Julien Doré ou encore Dido. Avec 12 euros hors taxe par CD, c’est minimum 900.000 euros de chiffre d’affaires par disque d’or enregistré par la maison de disques. C’est dire si les artistes, même les plus célèbres, ne touchent rien des revenus du disque.

4000 euros par mois, c’est 48.000 euros de revenus par an. Or en 2007, selon des chiffres publiés l’an dernier par Le Figaro, Johnny Hallyday déclarait 3,02 millions d’euros de revenu annuel, Christophe Maé 1,75 millions d’euros, Zazie 1,75 millions, Francis Cabrel (avant son dernier album) 0,90 million…

Donc soit Pascal Nègre a le nez plus long que d’habitude, soit ces artistes tirent l’énorme partie de leurs revenus ailleurs que par la vente de disques. Et c’est dire si l’immense majorité des artistes qui ne signent jamais de disque d’or ne vivent pas des revenus du disque.

Plus tard dans l’émission, Pascal Nègre a expliqué que les artistes qui vivent des concerts ont toujours besoin des albums pour nourir ces concerts et attirer du monde à leur spectacle. C’est vrai. Mais ce qu’il ne dit pas, c’est qu’ils n’ont plus besoin de les vendre. C’est là que l’économie du disque est totalement retournée, au détriment des maisons de disques dont le rôle devient simplement publicitaire. Les artistes ont tout intérêt à faire écouter gratuitement leur album à un maximum de monde, pour attirer des spectateurs, alors que les maisons de disques cherchent encore à vendre un support publicitaire que les consommateurs veulent s’échanger librement.

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