BitTorrent vient donc de lancer sa plateforme de téléchargement BitTorrent Entertainment Network. Si le service promettait des prix peu onéreux et une vitesse de téléchargement supérieure aux autres plateformes, on pouvait en revanche déplorer l’utilisation des DRM. La limitation de consultation des vidéos à une location temporaire avait sûrement du peser comme argument de poids, pour convaincre les studios de confier leur contenu à une firme dont le succès s’était construit autour d’un logiciel de peer-to-peer. Mais au delà des DRM, que vaut cette plate-forme BitTorrent ?

Une première visite sur le site laisse apparaître une interface plutôt soignée. La publicité omniprésente se fait relativement discrète, et ne vient pas vous agresser de fenêtres impossibles à quitter à moins d’en trouver la croix cachée dans un coin, microscopique au possible. Un bon point, donc. Mais dès qu’il s’agit de naviguer au sein de son interface, ce n’est plus la même histoire.

Les sections d’abord, manquent complètement de cohérence. Concernant les films, BitTorrent multiplie les catégories à la hauteur de la pauvreté de leur contenu, si bien que tout peut finalement se recouper : genres cinématographiques (westerns, thriller,…), public ciblé (un public familial, ou un public « mature », désignant pudiquement tout ce qui a attrait aux vidéos érotiques), nationalités des films (films de Hong Kong, ou films étrangers), et même la qualité (HD). La question que l’on pose donc au consommateur, c’est de choisir entre un film culte, un film de science-fiction, un film étranger, ou un film en haute définition. On ne doute pas un seul instant que cette classification l’aidera dans son choix, mais il est quand même étrange de voir la HD faire l’objet d’une catégorie à part plutôt que de bénéficier à tous les films.

Concernant la musique, ce n’est guère mieux. Des catégories aux distinctions un peu floues (classic rock ou blues ? Alternative – Indie ou Pop Rock ?) et d’autres complètement absentes (ou sont les musiques électroniques ?). D’autant plus que celles-ci n’ont qu’une visée purement commerciale… Vous entrez dans la section musique en cliquant sur l’onglet en haut de la page. On vous propose alors tout un panel de MP3s et de vidéo clips en libre téléchargement. Bien heureux de cette trouvaille, vous souhaitez chercher dans ce qui vous intéresse uniquement, le jazz par exemple. Seulement, le fait de cliquer sur cette catégorie à gauche de l’écran n’effectuera pas de tri dans les MP3s gratuits. Elle vous rédigera simplement sur les vidéos payantes proposées par BitTorrent. Un peu douteux comme procédé, mais il faut reconnaître que les firmes qui ont pour l’instant signé un accord de diffusion restent surtout des studios de cinéma : Warner Bross, Lionsgate, 20th Century Fox, et autres consorts… Il n’y a peut être donc pas lieu de s’étonner d’y trouver que peu d’offres musicales.

Qu’il s’agisse de la vidéo ou de la musique, les fichiers mis à disposition gratuitement ne concernent généralement que des œuvres mineures, tronquées, ou des titres promotionnels. Aucune révolution donc, le gratuit sur cette plateforme ne constitue qu’un leurre commercial. Une section se distingue néanmoins des autres. Celle des jeux vidéos. Ici, tout est offert gratuitement. C’est d’ailleurs le principal intérêt que possède finalement le site, même si on peut regretter qu’une grande partie des jeux proposés soient des produits qui commencent quelque peu à dater.

La plateforme est loin d’atteindre la vitesse faramineuse promise, mais on mettra ça sur le compte de la jeunesse et du peu d’utilisateurs au premier jour.

BitTorrent a certes innové en s’appuyant de manière a priori paradoxale sur le peer-to-peer pour proposer une offre payante. La plateforme qu’elle propose est cependant loin d’être convaincante. Peu de choix, peu de liberté, peu de médiation entre les œuvres et le public. La firme espère que les millions d’utilisateurs de son logiciel lui assurent d’avance un succès. Mais elle devra faire plus pour espérer faire adhérer massivement les internautes à son offre payante.

C’est là le dilemme auquel se sont confrontés tous les éditeurs de logiciels de P2P qui ont tenté une reconversion vers le contenu marchand…

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