Pour Facebook, la censure d'une photographie d'art publiée par le Musée du Jeu de Paume était peut-être une erreur d'appréciation de ses équipes, mais excusable. "Il est parfois difficile de faire la distinction entre ce qui relève de l'art et de la pornographie", indique à Numerama Facebook France, qui assume vouloir faire du réseau "un espace dans lequel nos utilisateurs se sentent en sécurité et en confiance".

Mise à jour : Facebook France nous précise que contrairement à ce que nous croyions pouvoir interpréter d'après le communiqué qui nous avait été adressé, il n'y a pas encore à ce stade de reconnaissance d'une erreur de leur part, comme ça avait été le cas pour les précédents de l'Origine Du Monde de Courbet, ou du New Yorker.

Mercredi, le musée du Jeu de Paume de Paris a décidé de s'auto-censurer sur Facebook pour éviter une coupure définitive de  son compte, après que le réseau social a suspendu provisoirement la page du musée suite à la publication d'une photographie de Laure Albin Guillot, d'une femme à moitié dénudée. La galerie d'art avait déjà été avertie par Facebook suite à la publication d'autres nus, de Willy Ronis et Manuel Álvarez Bravo, ce qui lui faire craindre le pire. "Au prochain avertissement de Facebook, notre compte risque d'être définitivement désactivé. Aussi nous ne publierons plus de nus, même si nous pensons que leur valeur artistique est grande", a ainsi expliqué le musée.

"Cette polémique doit inciter les administrateurs de Facebook à reconsidérer leur position. Ne pas différencier une œuvre d'art d'une image à caractère pornographique est un amalgame douteux mais surtout dangereux", a par ailleurs ajouté le Musée du Jeu de Paume.

Mais Facebook France a fait parvenir à Numerama sa réaction, à travers laquelle le réseau social défend le bien-fondé de ses méthodes et confesse une simple erreur humaine. Il n'est question ni d'excuses, ni de remise en cause. Presque le contraire.

"Aujourd’hui, 1 milliard de personnes utilisent Facebook et chaque jour des millions de contenus y sont publiés", nous indique un porte-parole du réseau social. "Pour que chacun puisse se sentir à l’aise et en sécurité sur Facebook, nous avons mis en place des conditions d’utilisations universelles qui déterminent quels contenus sont autorisés, ou pas, sur Facebook. Ce cadre permet de faire de Facebook un espace dans lequel nos utilisateurs se sentent en sécurité et en confiance, notamment les enfants de plus de 13 ans".

"Si la publication d’éléments contenant de la nudité va à l’encontre des conditions d’utilisation de Facebook, il est parfois difficile de faire la distinction entre ce qui relève de l’art et de la pornographie. Nos équipes vérifient des millions de signalements par jour et notre système est l’un des plus efficaces du web. Malheureusement, il arrive parfois que nos équipes retirent du contenu par erreur. Dans ce genre de cas, nous permettons aux utilisateurs de faire appel de la décision et si nos équipes se sont trompées, elles rétablissent le contenu supprimé dans les plus brefs délais".

Le plus troublant dans l'histoire est peut-être qu'une seule société commerciale puisse aujourd'hui exercer, au nom d'un milliard d'individus sur Terre, un jugement sur "ce qui relève de l'art et de la pornographie", pour écarter ce qu'elle estime relever de la deuxième catégorie. Il s'agit ici d'art, mais les "Standards de la Communauté Facebook" prévoient d'autres cas. Notamment, "Facebook n’accepte pas les discours incitant à la haine mais distingue cependant le sérieux de l’humour", prévient le réseau social.


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