En invitant des artistes dans les jardins de l’Elysée la semaine dernière, le Président de la République Nicolas Sarkozy a annoncé son souhait d’organiser dans les mois à venir des Etats généraux de la création qui traiteront notamment du problème « de la reproduction en très grandes quantités d’œuvres par l’Education nationale« . Signe que pour le chef de l’Etat, l’éducation doit être au service des auteurs, et non l’inverse. La proposition paraît étonnante puisque les écoles reversent déjà des droits… mais elle anticipe peut-être un problème croissant pour les éditeurs d’ouvrages scolaires.

En Finlande, une organisation de protection des droits des éditeurs, le TTVK, a menacé le service de location de livres Bookabooka, qu’il décrit comme « le Pirate Bay des livres scolaires« . Le site n’héberge pourtant aucun livre, mais met simplement en relation les étudiants qui souhaitent louer les livres à d’autres, pour amortir les frais d’une année scolaire onéreuse.

Bookabooka a uniquement un rôle d’intermédiaire, mais le TTVK assure que le site viole les droits d’auteur et cause aux éditeurs de livres un préjudice injustifié. Ils lui ont demandé de cesser toute activité d’ici le vendredi 24 avril, sans succès. Bookabooka a assuré que le site resterait en ligne quelles que soient les menaces de plainte proférées par le lobby.

Par ailleurs, en Suède, l’un des fondateurs de The Pirate Bay fait l’objet d’une enquête pour son rôle dans le site The Student Bay. Créé en mars 2008 à l’image du site de liens BitTorrent, avec un nom et un logo proche de TPB, The Student Bay permet aux étudiants de partager des livres scolaires numérisés. L’Association Suédoise des Auteurs Educatifs a déposé plainte contre le site en décembre 2008, en assurant qu’il violait les droits des auteurs de livres destinés aux étudiants, et s’est félicité de la victoire des industries culturelles contre The Pirate Bay.

A mesure que les livres d’école en papier vont céder la place aux livres électroniques, la question du piratage (un autre mot pour dire « partage ») prendra une place de plus en plus importante dans l’Education Nationale, beaucoup plus encore qu’au moment des débats sur le « photocopillage ».

Faudra-t-il un jour ajouter les auteurs et éditeurs de livres scolaires à la liste des industries à indemniser par une licence globale ? Ou faut-il contrôler et lutter contre les copies par la menace du bâton ou de la riposte graduée ? Plus qu’un choix économique, c’est un choix de société, dont on commence à peine à décerner l’ampleur à venir.


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