1ᵉʳ mai 2024, Changpeng Zhao, figure majeure du monde des crypto-monnaies, est condamné à 4 mois de prison dans un centre fédéral américain et à une amende de 50 millions de dollars. Cette peine marque alors l’aboutissement d’une enquête de plusieurs années, menée par les régulateurs financiers et les procureurs américains.
Quelques mois plus tôt, en novembre 2023, son entreprise Binance, l’une des plus importantes plateformes d’échange de crypto-monnaies, avait accepté de payer une amende de 4,3 milliards de dollars, dans le cadre d’un accord visant à clore les poursuites américaines liées aux manquements aux règles de sécurité de la plateforme.
Depuis, le contexte politique a profondément changé aux États-Unis, tout comme la situation de M. Zhao. De retour à la Maison-Blanche, le 47ᵉ président Donald Trump a annoncé, le 23 octobre 2025, la grâce du fondateur de Binance, qu’il considère comme une victime de la « guerre contre les crypto-monnaies » menée par l’administration Biden.
Mais, selon un article du New York Times paru le même jour, cette décision pourrait également répondre à des motivations plus personnelles du président américain.
Les liens du clan Trump avec le monde de la crypto-monnaie
Selon les documents publiés par le Trésor américain en novembre 2023, les autorités visaient les profits engrangés par Binance grâce à des transactions issues d’activités illicites. L’enquête mentionnait notamment des fonds liés à des attaques par ransomware et à des opérations ayant contribué au financement d’organisations terroristes.
Pour Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche, la décision présidentielle de grâce se justifie par le caractère selon elle infondé des sanctions : « Soucieuse de punir le secteur des crypto-monnaies, l’administration Biden a poursuivi M. Zhao malgré l’absence d’allégations de fraude et de victimes identifiables. »
Une « incroyable nouvelle », s’est réjoui un représentant de Binance. Mais pour le New York Times, cette mesure symboliserait surtout « le dernier exemple en date illustrant comment les principaux partenaires commerciaux de M. Trump et de sa famille ont tiré profit de sa volte-face sur la vaste répression des crypto-monnaies mise en place par le président Biden ».
Depuis la campagne de sa réélection, Donald Trump s’est en effet affiché comme un allié majeur de l’écosystème crypto aux États-Unis. La famille Trump y joue un rôle central : son fils Eric a cofondé la société de minage American Bitcoin, tandis que le clan est également lié à la société de protocole décentralisé World Liberty Financial, ce qui alimente de nombreuses controverses depuis le retour au pouvoir du président républicain.
D’après le New York Times, ces liens auraient pesé dans la balance. L’article affirme que, pour obtenir cette grâce, Changpeng Zhao aurait sollicité des avocats et des lobbyistes proches de l’administration Trump, tandis que Binance aurait récemment conclu un accord commercial avec World Liberty Financial.
Un retour en poste en perspective ?
Ce geste présidentiel n’est pas inédit dans le second mandat de Donald Trump : au mois de mars, le président américain avait déjà gracié Arthur Hayes, autre figure de l’écosystème crypto condamné en 2022 pour violation de la loi sur le secret bancaire.
Pour sa part, Changpeng Zhao s’est acquitté de sa peine de 4 mois d’emprisonnement, dont il a été libéré en septembre 2024. Mais cette décision lui permet désormais de retrouver ses fonctions de directeur général qu’il avait dû abandonner, tout en restant actionnaire majoritaire de Binance.
La plateforme reste, pour l’heure, soumise à la surveillance imposée dans le cadre de son accord avec les autorités américaines, mais elle pourrait bénéficier de ce nouveau départ pour renforcer sa présence sur le marché américain. Dans la foulée de l’annonce présidentielle, Changpeng Zhao s’est engagé publiquement à « aider l’Amérique à devenir la capitale de la crypto et à faire avancer le web3 partout dans le monde », dans un message publié sur X.
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