Quatre ans d’enquête condensés dans un livre de poche pour comprendre comment la Russie réussit à infiltrer et influencer l’espace médiatique français. Nicolas Quénel y révèle tour à tour les prises de contacts avec des Youtubeurs, les embauches d’espions et l’inquiétude du ministère de la Défense.

En 2023, les propagandistes du Kremlin sont peut-être vos voisins. Nicolas Quénel, journaliste d’investigation, dévoile les coulisses de la machine à propagande russe dans un premier livre « Allô Paris ? Ici Moscou », publié ce 8 novembre. Loin d’un engrenage, ficelé et complexe, dans lequel on découvrirait un inattendu complot, les opérations exposées par le journaliste, sont directes, brutes, parfois grossières, et contre toute attente, efficaces. Faux-médias, petits soldats de la désinformation et parcours d’espion, chaque chapitre raconte un cas concret.

L’ouvrage est ponctué d’analyses pertinentes sur l’efficacité historique de l’infiltration russe sur le sol français depuis les années 1960. La France serait régulièrement considérée comme un « ventre mou » du bloc occidental, où la Russie privilégie ses missions, s’appuyant sur des « idiots utiles » et une surprenante naïveté, assène l’auteur.

Une enquête de quatre ans sur la guerre de l'information russe. // Source : Éditions Denoël
Une enquête de quatre ans sur la guerre de l’information russe. // Source : Éditions Denoël

Le lecteur sera tout autant surpris de la facilité d’enrôlement des propagandistes : des Français s’engagent bénévolement à écrire de fausses informations pour le compte du Kremlin et se réunissent sur des chaînes Telegram qui leur fournissent les consignes. Nicolas Quénel s’est lui-même présenté sous un faux profil auprès du « gérant » russe de cette association qui l’a rapidement embauché. Les collègues de Nicolas sont une mère de famille qui se cache pour écrire « car ses filles désapprouvent son combat », un garagiste, un retraité, tous engagés pour la cause russe.

Une espionne russe à Science Po

Lorsque les agents russes ne dirigent pas une équipe de propagandistes, ils approchent de célèbres influenceurs, des politiques, des chercheurs qui, pour certains, acceptent de venir à Moscou. En s’intéressant de près à ces voyages, le journaliste découvre Alexandra, jeune russe, admise à Science Po, pour des études sur les stratégies en Afrique. Alexandra est la fille d’Evgueni, agent du FSB, le renseignement russe, impliqué dans un énorme scandale de corruption du FBI aux États-Unis. Malgré les avertissements américains qui la qualifient ouvertement d’espionne, Alexandra fait son chemin en France jusqu’à être embauchée par des entreprises françaises dans le domaine de la sécurité et de la défense.

Après une première partie sur la propagande russe, l’ouvrage se consacre à la réponse française. Le ministère de la Défense constate, réfléchit et réagit. Si la réplique n’est pas aussi forte que l’offensive, des premières initiatives ont été lancées pour bloquer la prolifération de ces fausses informations.

« Après le 11 septembre, l’ennemi est devenu le djihadiste. On a dû réapprendre à contrer d’autres types de menaces qui profitent notamment des outils modernes » nous explique Nicolas Quénel. La suspicion d’une opération russe derrière les récents tags d’étoiles de David à Paris encourage d’autant plus à lire cet ouvrage pour comprendre comme la Russie parvient à nous influencer.

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