La célèbre encyclopédie dirigée par Diderot et D’Alembert arrive sur le web dans une version interactive, enrichie et gratuite. Une véritable plongée dans le savoir du XVIIIe siècle.

C’est un symbole de l’époque des Lumières, un chef-d’œuvre de la pensée humaine. Il y a 266 ans commençait à paraître l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, sous la direction de Denis Diderot et de D’Alembert. 28 volumes, une parution étalée sur 21 ans, des apports des plus hautes sommités de l’époque, comme Voltaire, Rousseau ou Montesquieu…

Au XVIIIe siècle, on ne faisait pas mieux comme recueil du savoir. Aujourd’hui, l’Encyclopédie ne tiendrait guère la distance face aux encyclopédies les plus modernes ou même face à Wikipédia, ne serait-ce parce que des progrès immenses ont été obtenus dans les sciences, les arts et les métiers en presque trois siècles. Il suffit de jeter un coup d’œil à l’entrée du mot « atome » pour s’en rendre compte.

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CC Jay Mantri

« Petits corpuscules indivisibles qui, selon quelques anciens philosophes, étoient les éléments ou parties primitives des corps naturels ». La définition est brève, même si le sujet est plus tard développé dans un article consacré à l’atomisme. Elle est aussi en partie fausse au regard de ce que l’on sait aujourd’hui de ces corpuscules qui, s’ils sont effectivement petits, ne sont pas tout à fait indivisibles.

Sur Wikipédia, la définition est la suivante : « Un atome est la plus petite partie d’un corps simple pouvant se combiner chimiquement avec un autre. Les atomes sont les constituants élémentaires de toutes les substances […]. Contrairement à ce que leur étymologie suggère, les atomes ne sont pas indivisibles, mais sont eux-mêmes constitués de particules subatomiques ».

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CC Mike Beauregard

Et il ne s’agit-là que d’un tout petit extrait de la page déjà fort complète expliquant les atomes.

Mais, évidemment, cette comparaison a ses limites. D’abord parce que les définitions n’ont pas été rédigées avec le même degré de connaissance. Ensuite, du fait que l’encyclopédie de Diderot n’a pas bénéficié de la même main d’œuvre. Là où celle de 1751 a pu compter sur plus de 150 auteurs, Wikipédia a bénéficié, rien que pour le dernier mois, de l’aide de presque 16 000 internautes.

Et parce que les modes de parution du XXIe siècle ne sont plus exactement celles qui étaient en vigueur au XVIIIe. Ainsi, l’Encyclopédie du siècle des Lumières ne pouvait reposer que sur du papier. Aujourd’hui, l’on peut aussi profiter de la somme du savoir humain en ligne. Avec un avantage déterminant : un systèmes de pages reliées entre elles, l’hypertexte. La base du web.

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Mais avec le projet ENCCRE, on a aujourd’hui un petit aperçu de ce qu’aurait pu être le rêve de Diderot et D’Alembert à l’ère du net. En effet, le projet ENCCRE (Édition Numérique Collaborative et CRitique de l’Encyclopédie) « est le résultat du travail de plus de 120 chercheurs de tous horizons » pour proposer une « réédition interactive en libre accès » de l’encyclopédie.

Certes, on ne peut pas y contribuer — il y a Wikipédia pour ça ! — mais elle sera en mesure d’évoluer. Selon les responsables du projet, qui se sont mobilisés pendant six ans pour la faire émerger, cette première édition numérique fait appel aux « dernières technologies »  pour qu’elle puisse « être enrichie en permanence ». Le résultat est une franche réussite. Dommage que Diderot et D’Alembert ne soient plus là pour voir ça.


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