D’après une étude de l’université d’Oxford, les filtres internet ne protégeraient pas les jeunes adolescents contre des contenus choquants. Les chercheurs s’inquiètent au contraire de limitations à l’accès à l’information.

Le Oxford Internet Institute (OII), une branche de l’université d’Oxford, vient de publier dans le Journal of Pediatry une étude mettant en doute l’efficacité du blocage de contenus explicites sur Internet pour la protection des jeunes. En 2015, les chercheurs Andrew Przybylski et Victoria Nash ont contacté 515 jeunes entre 12 et 15 ans, dont autant de filles que de garçons. Le genre n’affecte généralement pas la probabilité d’être exposé à des expériences négatives en ligne, qui tourne autour de 14 %. On inclut dans ce vocable aussi bien les images choquantes que le sexting ou le harcèlement.

Un tiers des parents utilisait des filtres parentaux, tandis qu’un autre quart n’était pas au courant qu’une telle technologie existait. Dans tous les cas, l’étude n’a trouvé aucune correllation significative entre la présence ou non d’un contrôle et les expériences négatives relatées par les jeunes. « Contrairement à nos hypothèses, aux politiques et aux conseils du secteur […] nous avons trouvé des indices convaincants que les filtres internets ne sont pas efficaces pour protéger les jeunes adolescents », déclarent les scientifiques.

« Nous avons trouvé des indices convaincants que les filtres internets ne sont pas efficaces »

Les chercheurs sont préoccupés par le fait que les filtres puissent bloquer des informations pertinentes sur des sujets utiles aux adolecents, tels que les substances addictives ou la sexualité. L’effet serait « disproportionné » sur des groupes vulnérables. La connaissance même de l’existence de ces filtres pousseraient certains jeunes à s’autocensurer dans leur navigation internet. D’autant qu’au Royaume-Uni, de plus en plus de fournisseurs d’accès à Internet filtrent par défaut les connexions.

« Au vu des coûts associés avec le filtrage internet, que ce soit d’un point de vue financier pour la mise en place et la maintenance, ou au niveau de l’accès à l’information, nous pourrions nous attendre à des indices clairs sur son efficacité », poursuivent les scientifiques, avant de citer des études de 2003 et 2006 corroborant l’hypothèse que le blocage ne produise, au contraire, que des bénéfices minimes.

De toutes façons, même s’il était efficace de contrôler l’internet reçu par les adolescents à la maison, cela ignorerait l’évolution moderne des usages. « La disponibilité de l’internet mobile suggère que l’on doit éduquer, soutenir et faire confiance aux adolescents pour qu’ils utilisent des appareils de manière responsable en dehors de chez eux », conseillent les chercheurs.

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