Deux écoles britanniques utilisent depuis un mois des caméras de surveillance BodyCam en classe. Un test dont l’objectif est de permettre aux professeurs d’éviter le désordre en cours, mais qui inquiète le groupe de pression Big Brother Watch.

Comment lutter contre les fauteurs de troubles qui perturbent un cours ? C’est sans doute une question que se sont un jour ou l’autre posée les enseignants dans leur carrière. Au Royaume-Uni, deux écoles sont en pleine phase de test d’une solution qui pourrait sembler quelque peu radicale (mais sans doute un peu moins que dans cette université chinoise) : depuis près d’un mois, les professeurs utilisent des BodyCam en classe.

Tom Ellis, maître de conférences à l’Institute of Criminel Justice Studies de l’Université de Portsmouth, a ainsi indiqué au Guardian que tous les professeurs des deux établissements d’enseignement secondaire pouvaient choisir de filmer « quand cela était nécessaire ». Ce type de caméras s’est déjà démocratisé aux États-Unis depuis 2015. Elles sont notamment employées par la police, les gardiens de parkings et les patrouilles surveillant les sorties d’écoles.

CC West Midlands Police

CC West Midlands Police

« La plupart des écoles rencontrent aujourd’hui des problèmes de désordre de faible intensité dans les salles de classe, et les professeurs ont fini par en avoir assez de ne pas pouvoir enseigner correctement », poursuit Tom Ellis dans les colonnes du média anglophone. L’ancien membre du Home Office (le Bureau de l’Intérieur, en charge de la sécurité publique en Angleterre et au Pays de Galles) a confirmé que la phase de tests durera trois mois en tout.

Quant aux images, elles sont stockées, tout comme celles enregistrées par la police, sur une plate-forme de Cloud. « Nous filmons seulement quand c’est légitime, proportionné et nécessaire. Les caméras ne sont pas tout le temps allumées. Lorsqu’un membre du personnel ou un élève perçoit une menace, par exemple, elles sont utilisées. Ce n’est pas comme avec des caméras de surveillance. » Pour éviter tout risque d’interférence pendant la période des tests, le nom des deux écoles est gardé secret. Tom Ellis précise que les parents ont été informés et ont accepté le programme.

Les caméras ne sont pas allumées en permanence

Malgré leur accord, d’autres personnalités s’inquiètent des potentielles dérives de la mise en place de ces caméras au sein d’établissements scolaires. C’est le cas de Daniel Nesbitt, directeur de la recherche chez Big Brother Watch, un groupe britannique fondé en 2009 qui mène une campagne active contre la surveillance étatique et les atteintes aux libertés civiques.

« Cela ressemble à une réponse exagérée à un problème d’une autre époque. Ces écoles doivent faire vraiment attention à la façon dont elles utilisent ces technologies intrusives car cela risque de transformer les professeurs en véritables espions. Les parents et les élèves doivent rester totalement informés de ce test et bénéficier de toutes les opportunités pour exprimer les inquiétudes qu’ils pourraient avoir », préconise-t-il.

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