La société BitTorrent veut elle aussi contribuer à l'érection d'une muraille anti-NSA destinée à protéger la vie privée des internautes. Elle annonce ainsi le lancement d'une phase "alpha privée" visant à tester une messagerie de discussion instantanée qui se veut sécurisée et reposant sur une architecture distribuée (P2P).

En exposant à la lumière médiatique la réalité et l'étendue de la surveillance de masse mise en œuvre par la NSA et ses homologues occidentales, Edward Snowden a incité de nombreux internautes à se calfeutrer pour se ménager une relative confidentialité dans l'espace numérique. Ce besoin de vie privée n'a évidemment échappé à personne.

Depuis l'éclatement de l'affaire PRISM, les commentaires annonçant un nouveau service de messagerie sécurisée se succèdent. En quelques mois, plusieurs projets sont apparus : citons Heml.is et Caliop, mais aussi l'initiative portée par Mega. Ces diverses solutions – dont certaines doivent encore être concrétisées – s'ajoutent à celles qui existent déjà (Enigmail, GPG, Mailvelope, WebPG, Bitmessage, RiseUp…).

À cette liste, il faut désormais ajouter BitTorrent Chat. Comme son nom le laisse entendre, il s'agit d'un outil de discussion qui s'appuiera sur le protocole BitTorrent. Autrement dit, le service aspire à développer une messagerie instantanée, privée, distribuée et sécurisée. Un projet évidemment très ambitieux, dont la seule réalité réside dans la possibilité de s'inscrire à une alpha privée.

Des questions en suspend

La multiplication des projets pour développer une messagerie sécurisée traduit un vrai besoin de protection des échanges, vu les révélations de cet été. Et c'est heureux que des initiatives cherchent à y répondre. Cependant, le succès d'une plateforme dépend d'abord de ses utilisateurs. Plus ceux-ci sont nombreux, plus d'autres auront tendance à s'y inscrire.

Concernant le domaine de la messagerie sécurisée, aucun service ne fait vraiment la course en tête. Dès lors, les usagers risquent de se répartir de façon assez aléatoire entre les solutions actuelles et futures. L'interopérabilité ne paraissant pas être la priorité, le cloisonnement de chaque plateforme ne va pas jouer en faveur d'une démocratisation du chiffrement auprès d'un public moins technophile.

Enfin, se pose la question de la cohérence. Le chiffrement des communications n'est de toute façon qu'un maillon de la chaîne. Même en renforçant drastiquement celui-ci, il faut que les autres anneaux soient solides et dignes de confiance. Or, quelle est la logique d'utiliser des outils de chiffrement sur des systèmes d'exploitation propriétaires, où des portes dérobées ont peut-être été déployées ?

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