Tout comme Google, Facebook est tenté par le croisement des données de ses usagers. Le réseau social compte procéder à un nouveau changement au niveau des documents régissant le site et de sa politique d'utilisation des données. Mais la CNIL irlandaise s'en inquiète et demande des précisions urgentes de la part du site américain.

On ne peut pas dire que Facebook envoie des signaux particulièrement rassurants ces derniers temps. Le réseau social américain, qui a toujours suscité plus ou moins fortement les inquiétudes des autorités de contrôle nationaux comme la CNIL et les craintes organisations de défense comme l'EFF, a en effet pris deux décisions récentes qui suscitent l'interrogation.

D'abord, le site communautaire en a visiblement eu assez de son ouverture démocratique. Plutôt que de sonder l'opinion des membres et de soumettre chaque grande proposition de changement à leur vote, Facebook va mettre en place un nouveau système. Un formulaire de contact permettra de s'adresser aux responsables du réseau social, qui sélectionnera ensuite les questions pour y répondre en vidéo (webcast).

Ensuite, Facebook compte faire de nouveaux changements à sa politique d'utilisation des données et aux documents régissant le site, en facilitant le croisement des informations. Le réseau compte les décloisonner, afin de renforcer leur monétisation. Facebook compterait en particulier favoriser les échanges entre partenaires, notamment les annonceurs, pour diffuser des publicités plus ciblées.

"Nous obtenons parfois des données par le biais de nos filiales, partenaires, clients publicitaires ou d’autres tiers. Ces données nous permettent de diffuser des publicités plus pertinentes, de mieux comprendre la façon dont les gens utilisent Facebook et, de manière générale, d’améliorer les services que nous proposons", écrit le réseau social dans sa proposition de politique d'utilisation des données.

"Par exemple, un annonceur peut nous indiquer que vous avez répondu à une publicité sur Facebook ou sur un autre site afin de nous aider à mesurer l’efficacité de ces publicités, et donc d’en améliorer la qualité", ajoute le site, qui suit la voie ouverte par Google quelques mois auparavant. Le géant de du web  a, lui aussi, décidé d'opérer des croisements de données, officiellement dans l'intérêt de l'usager.

Toutefois, Facebook précise plus loin que "les données que nous fournissons à nos partenaires ou clients publicitaires sont dépouillées au préalable de votre nom ou de toute autre information permettant de vous identifier ou associées aux données d’autres utilisateurs de manière à ce qu’elles n’aient plus aucun lien avec vous". De quoi calmer les esprits ? Rien n'est moins sûr.

Cette évolution a interpellé la CNIL irlandaise, qui va "réclamer de toute urgence des clarifications supplémentaires de la part de Facebook", considérant "que les changements proposés nécessitent un consentement spécifique (opt in, ndlr) des usagers européens pour faire cela", a commenté Gary Davis, l'un des membres de la CNIL irlandaise, à Bloomberg.

Sujet hautement épineux, le croisement des données a donné lieu à une vive opposition entre les organismes de contrôle de la protection des données en Europe, représentés par la CNIL, et Google. L'autorité administrative indépendante estime que de nombreux points relevés dans les nouveaux documents rédigés par Google nécessitent une correction.

Au regard du bras de fer entre Google et l'Europe sur ce sujet, la volonté de Facebook de croiser des données se heurtera vraisemblablement au même mur. De son côté, le réseau social assure maintenir un dialogue permanent avec la CNIL irlandaise. Celle-ci risque fort de revoir son opinion sur le site, après les efforts appréciés de septembre suite à l'abandon de la reconnaissance faciale.

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