Après la MCPS-PRS, c’est au tour de la BPI d’applaudir la croissance de l’industrie musicale britannique, dans un contexte « difficile ». Selon l’association interprofessionnelle, les maisons de disques ont bien résisté à la crise et au piratage grâce à l’innovation. Mais la BPI n’a pas pour autant perdu de vue son objectif premier : lutter contre le téléchargement illicite, qui est une « vraie menace » et un « problème sérieux » pour le secteur.

La MCPS-PRS Alliance n’est pas la seule organisation à constater la bonne forme de l’industrie musicale britannique. Selon les chiffres fournis par la British Phonographic Industry (BPI), et repris par Zero Paid, les revenus de l’industrie du disque ont connu une progression de 2,3 % entre 2008 et 2009, pour atteindre 1,12 milliard de livres sterling (environ 1,3 milliard d’euros).

« Les maisons de disques britanniques ont répondu aux conditions de marché difficiles par l’innovation dans le monde numérique et en développant de nouvelles sources de revenus à travers la musique enregistrée, au-delà de la traditionnelle vente de CD, de la croissance encourageant de la consommation numérique à la carte, des abonnements et des services de streaming » a commenté Geoff Taylor, le directeur exécutif de la BPI.

Ainsi donc, les maisons de disques parviendraient à innover et à s’adapter aux évolutions du marché de la musique ? Voilà des propos qui contrastent nettement avec le discours habituel de la BPI. L’année dernière, à l’occasion des débats autour du Digital Britain, la BPI s’était fendue d’un communiqué pour applaudir le rapport :

« Le piratage numérique est un problème sérieux et une vraie menace pour les industries créatives britanniques » avait ainsi expliqué l’association interprofessionnelle, appelant à la mise en place d’une solution devant être « effective, proportionnée et dissuasive » pour en finir avec le piratage des œuvres. Cependant, la croissance relevée à la fois par la MCPS-PRS et par la BPI ne colle pas avec le péril du piratage mis en avant par les ayants droit.

En dix ans, la collecte des ayants droit britanniques est d’ailleurs passée de 472,7 millions d’euros en 1997 à 677,7 millions en 2007, selon des données fournies par la MCPS-PRS Alliance en 2008. Une progression d’autant plus remarquable qu’elle s’est faite à l’heure où le peer-to-peer s’est démocratisé à travers des logiciels comme KaZaA, Emule ou encore Azureus ou µTorrent.

°videmment, cela ne signifie pas que tous les secteurs de l’industrie musicale se portent bien. Les revenus de la musique enregistrée, par exemple, reculent depuis plusieurs années. Mais la diminution des ventes de CD est compensée par l’explosion d’autres secteurs comme les concerts ou l’exploitation des licences. La multiplication des diffuseurs implique également l’augmentation des payeurs.

Cela fait quelques années maintenant que la BPI pousse le gouvernement britannique à adopter un profil plus agressif contre les internautes téléchargeant du contenu protégé par le droit d’auteur. L’association interprofessionnelle avait d’ailleurs soutenu le rapport commandé par le Strategic Advisory Board for Intellectual Property.

Le document affirmait que près de 7 millions d’internautes anglais étaient des adeptes du téléchargement illégal. Pour la BPI, ce chiffre élevé était largement suffisant pour convaincre le gouvernement de fixer une politique ferme contre le téléchargement, en instaurant le plus vite possible la riposte graduée. Or, il s’est avéré que les chiffres du document étaient en réalité tirés d’une étude réalisée pour le compte de la BPI.


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