Faire la morale aux internautes est un jeu médiatique dangereux, comme l’a appris à ses dépens l’animateur Ariel Wizman, hué de toutes parts pour son enregistrement réalisé au profit d’une campagne anti-piratage.

100.000 fichiers audio ‘spoofés’ contenant en fait un message anti-piraterie de l’animateur, DJ et journaliste Ariel Wizman avaient été diffusés sur les réseaux P2P. Le message commandité par le ministère délégué à l’industrie interrompait une chanson par ces mots : « Vous venez de tenter de télécharger un fichier musical protégé. Ce faisant, vous faites courir des dangers (…) aux artistes et à l’industrie musicale. Vous pouvez facilement être identifié et poursuivi devant la justice par les ayants droit; vous risquez aussi d’attraper un virus informatique. Pour profiter de la musique en toute liberté, il existe des solutions de téléchargement légales et sans risques« .

La réplique immédiate, relayée dans nos colonnes et initiée par nos confrères de GenerationMP3, n’avait pas tardée :

L’idée fût de créer des remix du message d’Ariel Wizman, pour montrer que les internautes ne sont pas de simples consommateurs mais ont un réel pouvoir de création de valeur, dont les majors devraient s’inspirer plutôt que de lutter contre. Les premiers morceaux tirés de cette initiative viennent d’être compilés. La compilation finale sera distribuée aux ministres de la culture et de l’industrie, ainsi qu’à Ariel Wizman lui-même.

Ce dernier exprimait jeudi son regret, à travers la voix de Libération :

L’animateur Ariel Wizman trouve « casse-couilles » d’être devenu icône de la lutte antipiraterie en donnant sa voix au ministère de l’Industrie : « C’est le ministère qui m’a proposé. J’ai été un peu con, j’ai accepté sans réfléchir, je ne pensais pas que ce serait autour de mon image. Je ne suis ni pour ni contre. Je ne suis certainement pas du côté des majors du disque, il ne faut pas me prendre pour Pascal Nègre [le patron d’Universal Music France, ndlr]. J’ai demandé au ministère de faire un communiqué disant que j’ai fait ça gratuitement et que je suis résolument et férocement antirépression. La politique de l’exemple [menée par les maisons de disques qui poursuivent les internautes en justice, ndlr] est déplorable. Mais j’assume, ce n’est pas comme enregistrer un message pour le Front national : ce n’est pas scandaleux que les artistes veuillent être rémunérés. »


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