Inciter les pirates à payer quand même leurs téléchargement illégaux. C’est l’idée de MooZar, un service prévu pour le 26 février prochain. Prenant acte du fait que 60 % des internautes adeptes du téléchargement illégal sont prêts à rémunérer les artistes, MooZar souhaite donc déployer une plate-forme entre ces deux univers. Une sorte de légalisation a posteriori du piratage ?

Les pirates français sont-ils ces tueurs de culture que nous décrivent parfois les ayants droit ? Pour les responsables de MooZar, il n’en est rien. Les téléchargeurs seraient même prêts à « indemniser » convenable les artistes, si l’on en croit les sondages mis en avant par le site. En effet, selon un sondage IFOP (.pdf) daté du 30 octobre 2008, 60 % des internautes adeptes du téléchargement illégal « souhaiteraient dédommager » les artistes. Oui, mais comment ?

C’est là que MooZar entre en scène en tant qu’intermédiaire. Prévu pour ouvrir ses portes le 26 février prochain, le projet vise la rémunération des ayants droit dont les œuvres ont été piratées sur Internet. Jusqu’ici, rien de bien surprenant. Sauf que cette fois ce sont les pirates eux-mêmes qui vont dédommager les artistes. Une tentative intéressante qui prend à contre-pied la stratégie menée par les ayants droit et les gouvernement, ces derniers cherchant plutôt à marginaliser et réprimer les pirates plutôt que de les inciter à revenir sur le chemin de la légalité.

Selon MooZar, la volonté de dédommager les artistes ne serait pas une spécificité française. Les internautes Américains éprouveraient aussi des « remords », puisque un sondage de l’institut américain ZOGBY et daté du 13 mai 2009 relève que 49 % des sondés souhaiteraient également rétribuer convenablement les artistes lésés. Notons au passage que l’IFPI a estimé que 95 % des reproductions sont illégales.

Un bon coup à jouer pour ce service s’il parvient à se placer comme intermédiaire. Mais comme toujours, il est difficile de connaitre la méthode utilisée pour quantifier une activité dont la nature même commande de rester le plus discret possible.

Même chose pour les fichiers piratés d’ailleurs : plusieurs études ont cherché à connaitre la proportion de contenus illégaux circulant sur les réseaux peer-to-peer. La dernière en date, menée par le professeur Ed Felton de l’université de Princeton, a estimé qu’une écrasante majorité de fichiers violait le droit d’auteur. Sauf que sa méthode est critiquée, puisqu’il ne s’est appuyé que sur 1 021 fichiers prélevés au hasard.

Comme nous l’écrivions alors, ces « fichiers sont disponibles sur le réseau décentralisé de BitTorrent, la DHT. Elle n’offre pas la moindre indication du nombre des téléchargements. Mais elle donne quelques indications sur le type de fichiers partagés sur le réseau P2P le plus populaire du moment« .

Le montant par défaut sera fixé à un euro – prix qui permettra de rendre légal votre téléchargement pirate selon MooZar. L’internaute aura cependant la posibilité de donner moins, le don le plus bas effectuable étant 30 centimes. Mais attention, entre sous la barre des un euro, l’internaute ne pourra pas légaliser sa copie.

MooZar prévoit de récupérer 20 % du dédommagement versé par l’internaute, le reste ira aux ayants droit. Et avec 60 % des internautes français et 49 % des internautes américains souhaitant donner, on n’imagine le pactole possible… toutefois, il reste un défi de taille pour MooZar : persuader les internautes de faire un pas en avant et accepter de rémunérer l’industrie du disque. Pas sûr que tous acceptent de faire ce pari.


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