Martin Eberhard a été évincé de Tesla Motors en 2007, il a été l’un des deux fondateurs historiques de Tesla. Il a toujours gardé un œil sur l’évolution de la marque, mais il ne mâche jamais ses mots quand il s’agit de critiquer les obsessions et décisions discutables d’Elon Musk, notamment lorsqu’elles peuvent nuire à Tesla. C’est ainsi qu’il considère « honteux » que Tesla se détourne du projet de Model 2, comme il l’a déclaré lors d’un forum d’investisseurs HSBC ce 9 avril, d’après Bloomberg.
La suspension du projet Model 2, révélé par Reuters le vendredi 5 avril, a surpris tout le monde. Même si Elon Musk a immédiatement accusé Reuters de mentir, Reuters a eu accès à des mails internes qui prouvent les propos.
De meilleurs débouchés pour la voiture abordable
Martin Eberhard a indiqué à Bloomberg : « Je pense que c’est vraiment dommage et qu’ils devraient y réfléchir à deux fois. Cela semble être un meilleur marché que le gigantesque camion qu’ils fabriquent. »
Et cette affirmation apparait encore plus vraie avec le potentiel commercial d’un robotaxi sur le marché automobile actuel. Les clients réclament à Tesla une voiture électrique encore plus abordable depuis des années. Il faut dire que cela fait partie des promesses formulées par Elon Musk depuis plus de 5 ans, même si c’est un projet qu’il déteste.
La marque a longtemps eu un boulevard devant elle pour mettre à genoux ses concurrents sur ce créneau. Désormais, la concurrence est une des raisons qui justifierait la suspension de la Model 2 : « Ils ne pensent pas pouvoir concurrencer les voitures chinoises bas de gamme » a rappelé Martin Eberhard.
L’entrepreneur reproche aussi toujours à Tesla de faire passer la technologie en premier : « Tesla doit se concentrer sur les coûts, au lieu de se concentrer sur la technologie pour le plaisir de la technologie ». Elon Musk partage un avis diamétralement opposé à celui de Martin Eberhard. Ce n’est pas pour rien que le sujet est souvent celui sur lequel les deux entrepreneurs s’écharpent.
Une concurrence ravie par ce choix
Si la décision de Tesla se confirme, la marque américaine laisse la plus grosse part de marché à la concurrence étrangère, et notamment chinoise qui est déjà prête sur ce créneau. C’est pourtant une stratégie discutable, car comme le rappelle Martin Eberhard : « L’automobile n’est pas comme la Silicon Valley, où le gagnant rafle toute la mise. Nous pouvons avoir une douzaine d’entreprises automobiles différentes dans le monde qui fabriquent une douzaine de types de voitures différents, qui occupent des positions différentes sur le marché et qui réussissent toutes. »
Tesla n’aime pas vraiment partager le gâteau, et ce n’est pas vraiment nouveau. Par contre, les constructeurs européens ne vont pas cracher sur cette opportunité. Même s’ils ne s’expriment pas encore publiquement sur le sujet, ils doivent certainement se réjouir de cette excellente nouvelle. Les constructeurs européens ont une opportunité pour briller, sans risquer de voir Tesla venir détourner l’attention des acheteurs, il n’y a plus que la concurrence chinoise à affronter.
Les décisions récentes de Tesla ont de quoi dérouter tous les experts de la mobilité électrique. Un sujet à suivre dans notre newsletter hebdomadaire Watt Else.
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