Les joueurs qui s’adonnent à la chasse aux Pikachu, Bulbizarre ou autres Rattata sur l’application en réalité augmentée Pokémon Go seraient plus heureux que les autres. Voici la conclusion d’une étude menée par des chercheurs américains sur un échantillon de 399 personnes.

Souvenez-vous, c’était l’été dernier : Niantic et la Pokémon Company lançaient officiellement Pokémon Go sur iOS et Android, provoquant un engouement comme nous en avions rarement vu. À côté des chasseurs invétérés, prêts à parcourir des kilomètres pour attraper les précieuses bêbêtes — quitte à se mettre parfois en danger — et des joueurs épisodiques, d’irréductibles réfractaires regardaient d’un œil étonné l’engouement provoqué par l’application en réalité augmentée.

Si vous en étiez alors en panne d’argument pour leur démontrer par A + B que, non, jouer à Pokémon Go ne vous rendait pas moins sympa, ce qui suit devrait vous intéresser. En effet, révélation dans 5, 4, 3, 2, 1 : « les joueurs de Pokémon Go sont des gens heureux et sympa. »

Les joueurs de Pokémon Go sont des gens heureux

Ce n’est pas nous qui le disons — quoique l’affirmation puisse flatter l’ego des gamers de la rédaction de Numerama — mais une étude tout à fait sérieuse. Menée par des chercheurs de l’Université du Wisconsin à Madison, aux États-Unis, ce travail arrive à la conclusion que les joueurs de Pokémon Go sont des personnes plus positives, plus amicales et plus physiquement actives que la moyenne. Des gens bien, en somme.

Casser l’image négative des joueurs

Ce travail de recherche a débuté dès la sortie du jeu, en juillet 2016. C’est un étudiant diplômé de l’université, James Alex Bonus, qui est à l’origine de toute l’histoire. Intéressé par la thématique des médias éducatifs, il a fait partie de la foule de joueurs qui se sont laissés embarquer par le phénomène Pokémon Go. Il a pu constater que les réactions suscitées par le jeu n’étaient pas toujours élogieuses.

Photo Jeff Miller

Photo Jeff Miller

« De nombreux organes de presse parlaient de façon négative des personnes distraites, qui s’introduisaient dans des propriétés privées, rentraient dans des arbres ou marchaient dans la rue. Mais on a aussi pu voir des personnes en profiter, passer un bon moment ensemble à l’extérieur », explique l’étudiant.

Expérience émotionnelle et sociale

James Alex Bonus, ainsi qu’une autre étudiante diplômée, Alanna Peebles, ont alors vu les premiers joueurs comme un cas d’étude intéressant pour observer les effets de la réalité augmentée sur leur état d’esprit et leur capital sympathie. « Il y a cette idée reçue selon laquelle jouer à des jeux, et être sur son téléphone, sont des expériences sociales négatives et qui nous distraient du reste, mais il n’y a pas eu beaucoup d’opportunités pour interroger de grands groupes de joueurs sur leurs expériences », notent-ils.

Il y a cette idée reçue que jouer à des jeux sur son téléphone est une expérience sociale négative

En compagnie de Marie-Louise Mares, professeur spécialisée dans les sciences de la communication, et Irene Sarmiento, étudiante diplômée, ils ont ainsi entrepris des entretiens avec très exactement 399 personnes, âgées de 18 à 75 ans, trois semaines après le lancement du jeu. Les questions portaient sur leur vie émotionnelle et sociale, ainsi que sur leur activité physique avant d’avoir commencé à jouer à Pokémon Go.

Pokémon Go

CC Eduardo Woo

Environ 40% des personnes interrogés ont indiqué être des habitués de Pokémon Go. « Pour la plupart, les joueurs de Pokémon Go ont plus évoqué des choses positives, qui les faisaient se sentir plus utiles, rendaient leur vie plus satisfaisante et plus résiliente. »

Selon les observations des chercheurs, les chasseurs de Pokémon étaient plus enclins à rencontrer de nouvelles personnes et approfondir les relations sociales qu’ils avaient déjà. Néanmoins, la réciproque n’a pas été vérifiée : les personnes interrogées qui avaient le plus de difficultés à entretenir des interactions sociales n’étaient pas nécessairement des personnes ne jouant pas à Pokémon Go.

Les joueurs de Pokémon Go ont jugé leur vie plus satisfaisante

Plus largement, les chercheurs ont souhaité, à travers cette étude, qui n’est certes pas exempte de critiques, aborder la question des jeux, et plus largement des médias qui nous entourent, d’une manière plus positive.

« Nous ne regardons pas souvent les médias de cette façon, mais peut-être devrions-nous le faire, avance James Alex Bonus. Nous sommes souvent concentrés sur la violence, l’agression et l’hostilité dans les médias, mais il y a toujours des opportunités pour que les médias contribuent à des expériences positives de la vie. »

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