Le 28 novembre 2025, un missile balistique russe s’est subitement écrasé lors d’un test militaire en conditions réelles. L’incident, filmé par des médias locaux, interroge les experts qui cherchent à déterminer avec exactitude le missile concerné. La piste d’un nouvel échec du missile Sarmat est au centre des discussions.

Les images ont été capturées près de la base de Yasny, dans l’oblast d’Orenbourg, non loin de la frontière kazakhe. Elles montrent le lancement d’un missile balistique russe : 7 secondes après le décollage, une fumée noire se disperse dans le ciel, le missile tournoie quelques secondes avant de s’écraser prématurément au sol.

Sur X, la vidéo circule rapidement dès le 28 novembre 2025 parmi les comptes spécialisés, et plusieurs chercheurs en armement stratégique s’emparent du sujet pour déterminer précisément les enjeux de ce tir totalement manqué. Parmi eux figure Pavel Podvig, chercheur principal à l’Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR).

Un fait retient particulièrement l’attention de cet expert, spécialiste des armes de destruction massive : vers la quinzième seconde, un élément semble être éjecté de la partie avant du missile. Selon lui, il pourrait s’agir d’une séquence de récupération de la charge utile.

Et c’est précisément tout l’enjeu de cette vidéo. Qu’a-t-on lancé, et qu’est-ce qui était emporté à bord ? Pour Pavel Podvig, tous les éléments indiquent qu’il s’agit d’un ICBM, un missile balistique intercontinental conçu pour parcourir plus de 5 500 kilomètres entre son point de lancement et sa cible.

Reste à déterminer précisément de quel type de missile il s’agit et, surtout, si ces images montrent un nouvel échec du Sarmat, missile de dernière génération développé par la Russie et souvent présenté comme l’un des ICBM les plus puissants au monde.

La thèse du RS-28 SARMAT

Si la thèse du Sarmat est confirmée, il s’agirait d’un nouveau coup dur pour cet élément clé de la dissuasion nucléaire russe. Le RS-28 Sarmat, officiellement déclaré opérationnel en septembre 2023, est un missile intercontinental pouvant emporter jusqu’à une dizaine de têtes nucléaires sur une distance d’environ 18 000 kilomètres.

En septembre 2024, un essai raté avait déjà causé d’importants dégâts sur un silo de tir, clairement visibles sur des images satellites des installations militaires concernées.

Les autorités russes n’ont pas commenté ce nouvel incident. Mais pour Pavel Podvig, les caractéristiques du tir permettent de conforter par déduction la thèse d’un nouvel échec du Sarmat : « Les deux autres possibilités évoquées sont un missile UR‑100NUTTH/SS‑19 avec Avangard, ou un missile R‑36M2/SS‑18. L’hypothèse du SS‑19 peut être écartée, car la vidéo montre un lancement à froid depuis un silo. (…) Quant au R‑36M2, ce missile n’a pas été testé depuis un certain temps. Le dernier lancement a apparemment eu lieu en octobre 2013. (…) Reste donc le Sarmat. »

Un avis partagé par le chercheur français Étienne Marcuz, qui souligne que le message aux navigants aériens (NOTAM) publié avant l’essai apporte des indices supplémentaires, notamment le lancement depuis un silo très récemment rénové au printemps 2025 : « Il s’agit probablement du SARMAT (…) Bien sûr, on ne peut exclure qu’il s’agisse d’un essai d’AVANGARD, mais la rénovation urgente d’un silo d’essais existant est improbable, alors qu’elle est beaucoup plus logique pour des essais de SARMAT. »

L’affaire relève d’un enjeu majeur pour la dissuasion russe

Étienne Marcuz rappelle par ailleurs l’enjeu crucial, pour les forces russes, de certifier au plus vite le Sarmat. Officiellement, ce missile n’a réussi qu’un seul tir d’essai en avril 2022, et le flou entourant cette arme balistique que Vladimir Poutine présentait alors comme « sans équivalent » ne cesse de s’épaissir.

Que peut-on attendre désormais ? La Russie ne semble pas vouloir rester longtemps sur cet échec. Un nouvel essai surprise d’un missile balistique intercontinental à capacité nucléaire a été signalé le 1er décembre 2025 via un NOTAM fraîchement émis par Moscou.

Il s’agirait cette fois d’un ICBM « léger » tiré depuis Plesetsk, dans le nord du pays, avec une fenêtre de lancement annoncée entre le 3 et le 7 décembre, selon Étienne Marcuz.

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