Vous avez enfilé votre plus beau costard, préparé votre pitch et scruté les moindres détails sur votre potentiel futur employeur. En vain. L’entretien que vous vous apprêtez à passer n’aura pas lieu avec un recruteur en chair et en os, mais avec Anna, un agent vocal dopé à l’intelligence artificielle.
C’est le pari de PSG Global Solutions, filiale de TP Specialized Services, spécialisée dans l’externalisation du recrutement. En partenariat avec la Booth School of Business de l’Université de Chicago, l’entreprise a étudié plus de 70 000 entretiens menés via Anna auprès de candidats dans la santé, l’informatique ou l’industrie.
Premier constat : les candidats évalués par l’IA ont reçu plus d’offres que ceux rencontrés par des humains (9,73 % contre 8,70 %).
Supprimer les biais cognitifs ?
Concrètement, Anna AI est un « recruteur numérique », un agent conçu pour automatiser et optimiser plusieurs étapes de l’embauche. Grâce au traitement automatique du langage (NLP), à la reconnaissance vocale et parfois à l’analyse vidéo, l’agent peut mener un entretien quasi complet : écouter, reformuler, adapter ses questions et même évaluer des compétences en temps réel, explique l’université.
Les candidats ont été sélectionnés aléatoirement pour soit : suivre un processus d’entretien traditionnel avec des recruteurs humains, passer un entretien avec l’agent vocal IA Anna, ou choisir entre les 2 parcours. Point important, un recruteur humain a ensuite vérifié la conversation après l’entretien et fait le choix d’embaucher ou non.
Parmi les points où un agent comme Anna se distingue, c’est notamment sur la question des biais cognitifs – ces raccourcis de pensée qui dévient nos jugements. Dans les tests, les signalements de discrimination sexuelle ont par exemple diminué de moitié : 3,3 % des entretiens avec l’IA contre 5,98 % avec des recruteurs humains. Pour la marque, l’expérience prouve qu’« il est plus facile d’entraîner une IA à ne pas discriminer que de demander à un humain de ne pas le faire ».
L’IA fidélise les employés
Si les recruteurs s’y intéressent, ce n’est pas uniquement pour des raisons éthiques. L’IA permet surtout de gagner du temps et de l’argent. Là où un recruteur humain peut gérer quelques entretiens par jour, Anna peut en conduire des dizaines, sans pause, 24 heures sur 24. PSG Global Solutions met en avant une productivité multipliée par 2,5, et jusqu’à ×4 en matière d’embauches quotidiennes. Le seuil de rentabilité a été atteint après « seulement » 8 500 entretiens, précise l’étude – un volume colossal pour de petites entreprises, où l’intérêt est moins évident.
Dans les secteurs qui recrutent à grande échelle – logistique, centres d’appels, hôtellerie, santé — l’IA absorbe les volumes que des équipes humaines ne pourraient pas traiter seules. Et au-delà de la quantité, l’outil semble aussi jouer sur la fidélisation. Le taux de rétention des candidats passés par Anna AI était supérieur de 16 % par rapport aux entretiens classiques. L’étude souligne ainsi une « meilleure qualité des entretiens » avec en moyenne 9 sujets couverts lors de l’entretien IA vs 5 pour les humains.
Une expérience candidat mitigée
Lorsqu’ils ont eu le choix, 78 % des candidats ont opté pour Anna plutôt que pour un recruteur humain. Pour autant, 21 % d’entre eux ont éprouvé un certain inconfort vis à vis du fait de parler avec une IA. Une petite poignée (5%) a d’ailleurs mis fin à l’échange en raison de problèmes techniques. L’économiste Brian Jabarian, principal chercheur de l’étude, est sans appel « n’est pas encore possible de déléguer entièrement à l’IA l’évaluation plus nuancée et approfondie des candidats. Nous aurons besoin d’une intervention humaine pour superviser et évaluer les performances des recruteurs IA ». Contactée, la marque précise que l’objectif n’est pas d’arriver à un recrutement 100 % automatisé, mais à une complémentarité entre l’IA et les humains.
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