En effet de nombreuses personnes soutiennent l’avis comme quoi il ne faut plus payer pour avoir de la musique mais payer pour donner à la musique.
Comme le souligne tres bien Alex Kauffmann de Framasoft, « Il ne s’agirait alors plus tant de ‘payer pour voir’ mais de payer parce que je soutiens, parce que j’adhère, etc.« .
Ce nouveau paradigme révolutionne complètement la perspective en ce qui concerne la musique en ligne . Cela rejoint d’ailleurs la philosophie générale des Logiciels libres et de la musique libre.
La musique libre ne signifie pas pour autant « musique gratuite ». Les différentes licences comme les Creatives Commons n’empêchent pas de donner pour la musique si on veut soutenir un musicien indépendant.
L’économie du Don
On est là dans ce que Michel Cornu dans son livre Internet : Services et Usages de demain nomme l’Economie du Don.
L’économie du Don se retrouve de plus en plus dans le monde occidental. Le drame du Tsunami et l’ensemble des organisations comme le Téléthon nous rappellent que l’être humain occidental est de plus en plus enclin à ce don.
L’organisation Taylor Nelson Sofres cite dans une étude de 2002 que « 46% des personnes interrogées affirment donner regulierement à une association, que ce soit sous la forme de dons en argent, en nature ou en temps« .
On n’achète plus, on soutient
On le voit la tendance sur le Web va de plus en plus être liée à cette économie du don..
On donne pour soutenir un artiste indépendant parce que l’on aime sa musique mais aussi parce qu’on désire l’aider, le soutenir et protester contre le Show bizz international qui a dénaturé la création musicale. La musique.
Mais le don ne se limite pas à l’argent ; Le don de compétences, de temps, d’énergie doit être aussi pris en compte.
Le premier besoin d’un musicien indépendant par exemple est que sa musique soit diffusée.
Dans cette logique toute personne qui maîtrise une technologie de diffusion (le p2p, le blog, le mail) peut, elle aussi, être d’un très grand secours pour la diffusion de la musique indépendante et libre.
Il suffit de faire le don de ses compétences de son énergie et d’un peu de temps pour que tout un nouvel univers de la diffusion de la musique puisse exister.
On le fait pour soutenir, reconnaître et aider un musicien indépendant. On le fait pour soutenir une cause. Un combat.
On rejoint ici d’ailleurs la problématique des marques Claim. Les marques Claim sont un nouveau concept marketing qui defend un commerce équitable et éthique. On n’achète plus pour le produit, on achète pour donner du sens.
« Les marques claim ne sont pas forcement des marques de niche. Elles revendiquent un combat, une cause. La marque a ete une idée à l’epoque du besoin. Aujourd’hui, il faut avoir une cause, plus seulement une promesse« , insiste Georges Chetochine.
Et il conclu : « Les nouveaux produits se developperont s’ils repondent aux frustrations« .
Telle entreprise par exemple aura le droit de vendre ses produits plus chers si elle promet en retour de ne pas délocaliser et de jeter dans le gouffre du chômage ses employés. Et on le sait, en France, le chômage est endémique. Plus qu’un fait de société le chômage est une plaie de souffrance ignoble.
On ne répond plus à un besoin en ce début de XXI siecle, mais à des frustrations.
Par exemple, frustration qu’apporte une musique trop formatée, proposée par des Majors qui ont oublié le sens dont tout un chacun a besoin pour vivre.
C’est pour cela que les budgets dédiés au marketing classique ne fonctionnent plus.
« Plus personne ne croit les grands distributeurs. Les entreprises vont aussi trop loin. Elles ont fait n’importe quoi, les gens s’en detournent… » relève Georges Chetochine.
Et c’est bien là, la source du drame de l’industrie du disque. La perte de sens.
Les individus veulent bien payer, mais pour défendre quelque chose. Une cause. Défendre une cause et trouver du sens dans un monde où la barbarie refait tous les jours surface. Dans un monde où le marketing classique est devenu une nouvelle forme de fascisme moderne.
C’est ce que l’on retrouve aussi dans le Cluetrain Manifesto dont une traduction est disponible sur le Blog de Loïc le Meur. Le 17ième précepte de ce manifeste dit que « les entreprises qui supposent que les marchés en ligne sont les mêmes marchés que ceux qui regardaient leur publicité à la télévision, se moquent d’elles-mêmes« .
On est bien là dans une nouvelle forme de règle économique et sociale.
C’est le même principe qui fait dire à Mr Bernard Stiegler qu’en « décembre, en France, une réunion de publicitaires confrontés à une baisse très sensible des chiffres d’affaires de la profession a lancé un cri d’alarme en qualifiant d’urgente la nécessité de « lutter contre l’indifférence des consommateurs’« .
Défendre et aider la musique Indépendante, faire don de ses compétences, de son temps et de son énergie cela suit la même logique, la même quête de sens.
Il faudra tenir compte de cette nouvelle attitude.
On n’achète plus on soutien.
On vit vraiment une époque….
Ignazio Lo faro
Fondateur entre autres de Weedfrance et de la communauté BnFlower
(Note de la rédaction : Si vous souhaitez publier vos propres réflexions dans les colonnes de Ratiatum, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse suivante : )
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.