La semaine dernière, Tesla annonçait que les autorités américaines de sécurité routière avaient décidé d’ouvrir une enquête après l’accident mortel subi par le passager d’une Tesla Model S qui était en mode Autopilot. Immédiatement, le constructeur avait expliqué que son système de conduite autonome n’avait pas vu la remorque blanche du camion qui traversait la route, éblouie par le soleil. Mais il avait aussitôt rappelé que le conducteur d’une Tesla en mode Autopilot est toujours censé garder toute sa vigilance pour se substituer à l’intelligence artificielle en cas de défaillance.
Tesla avait aussi affirmé que l’enquête viserait à vérifier que le mode Autopilot s’est comporté « conformément aux attentes ». Implicitement, il disait donc que les imperfections du mode de conduite autonome ne seraient pas mises en cause, dès lors qu’il s’agit de failles connues et documentées.
Mais le constructeur qui subit par ailleurs d’autres problèmes industriels, se montre tendu. Contrairement aux usages, il a pris le soin de répondre longuement et agressivement à un article du magazine Fortune qui avait déjà mis en colère Elon Musk, parce qu’il accusait la firme d’avoir fait traîner pendant huit semaines la révélation de l’accident mortel intervenu le 7 mai dernier en Floride, pour permettre à Musk de vendre pour 2 milliards de dollars de parts dans l’intervalle. L’entreprise répond point à point et accuse Fortune d’avoir publié trop vite un article sans s’informer, mais surtout affirme à nouveau que son Autopilot n’est pas en cause.
Ce qu’il s’est passé
Le site spécialisé Electrek a publié un compte-rendu précis de l’accident, dont le descriptif par Tesla avait laissé songeur (en particulier cette idée de remorque perpendiculaire à une autoroute à double sens séparée par un terre plein). Il montre que le camion blanc venait d’une voie opposée lorsque le chauffeur a décidé de tourner à une intersection, en croisant alors la voie sur laquelle roulait le propriétaire de la Tesla Model S. La voiture aurait dû s’arrêter pour laisser le passage mais elle a continué sa route, et le pare-brise a alors heurté le bas de la remorque surélevée. Elle a ensuite continué à rouler sur quelques dizaines de mètres dans les champs avant de s’arrêter contre une clôture.
La Tesla Model S embarque un système de freinage automatique d’urgence, qui détecte les obstacles qui ne devraient pas être là. Mais actuellement, la technologie anti-collision fournie en partie par Mobileye fonctionne principalement en regardant les obstacles qui se trouvent au sol. Or la remorque était surélevée.
Les caméras et autres sonars de Tesla auraient pu aussi intercepter l’obstacle et ordonner le freinage mais pour éviter des freinages d’urgence dangereux qui seraient dus à des panneaux de signalisation en hauteur, Tesla ignore ce qu’il estime être des « faux positifs » lorsqu’un tel obstacle est détecté.
Le problème sera de savoir si l’utilisateur de la Tesla pouvait s’attendre à ce que sa voiture en mode Autopilot ne voit pas l’énorme remorque du camion et ne déclenche pas le freinage d’urgence. Pour Tesla, ça ne fait aucun doute.
« Dans les moments qui ont précédé la collision, il n’y a pas de preuve qui suggère qu’Autopilot n’opérait pas comme prévu et comme décrit aux utilisateurs », se défend Tesla. Il rappelle que son outil est décrit comme un « système d’assistance à la conduite qui maintient la position du véhicule sur sa voie et ajuste la vitesse du véhicule pour correspondre au trafic ambiant ». Rien de plus.
Pour Tesla, l’accident mortel était « une fatalité statistique ». Quant à l’accusation de délit d’initié, le constructeur fait remarquer un peu maladroitement (ou cyniquement) que lors de l’annonce de l’enquête, l’action de Tesla n’a pas baissé, mais augmenté. « Ce qui confirme que nos investisseurs savent mieux [que Fortune] », écrit la firme.
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