L’actualité autour du peer to peer n’a jamais été aussi intense que depuis quelques semaines. Le nombre de clients ne cesse de croître, celui des utilisateurs explose, tandis que la RIAA essaye désespéremment d’enrayer le mouvement par quelques actions de choc dont Audiogalaxy a récemment fait les frais. Mais demain ? Quel avenir nous réserve le peer to peer et quelles conséquences cette technologie pourrait avoir sur le futur de nos sociétés ? Certainement beaucoup plus que ce qu’on peut aujourd’hui imaginer…

VARVAR, File Spree, Shareaza, Overnet, Xolox, Unishare, Blubster,… La liste des nouveaux clients peer to peer s’agrandit chaque jour et tous paraissent plus prometteurs les uns que les autres. Sur Download.com, les chiffres ne trompent pas. Au top 10 des téléchargements de la semaine, pas moins de quatre logiciels de peer to peer sont présents : Kazaa, Morpheus, iMesh, et Bearshare. A lui seul, Kazaa a été téléchargé plus de 2,5 millions de fois la semaine dernière.

Face à ces chiffres, les actions pourtant fortes de la RIAA paraissent bien ridicules. Blubster a ainsi vu le nombre de ses utilisateurs tripler le week-end qui a suivi la fermeture d’Audiogalaxy. Il n’est dès lors pas trop présomptuex de penser que le peer to peer ne pourra pas être enrayé à coup d’actions juridiques. C’est pour cela que des projets comme le Palladium de Microsoft pourraient avoir un bel avenir. Mais l’industrie hardware sait très bien que le piratage lui est favorable.

Si la solution anti-piratage ne trouve ni voie légale ni voie technique, le peer to peer pourrait bien révolutionner l’une des inventions de notre droit moderne : le droit à la propriété intellectuelle.
Si l’artiste était autrefois rémunéré par le mécennat, c’est aujourd’hui le volume des ventes qui détermine sa qualité sur le marché. Dès lors, diffuser une œuvre sans compensation financière touche au fond à ce qui fait aujourd’hui l’unique moyen de reconnaissance de l’artiste. Accaparé par des holdings surpuissantes, l’art s’est standardisé pour avoir comme qualité première, non son existence, mais son pouvoir de vente.
Le peer to peer, en annihilant l’intérêt du pouvoir du vente, replace l’œuvre au centre de ses qualités. Mais se pose alors l’éternelle question de la rémunération des artistes. Sans mécenne ni consommateurs, comment rétribuer l’artiste à sa juste valeure ? Si l’on considère que l’étendue du peer to peer est irrésistible, une solution jusqu’alors inédite s’imposera sans doute.

Un champ d’action encore très peu exploré

Pour l’instant, le peer to peer se résume essentiellement à l’échange de fichiers sur Internet. Mais l’on commence à apercevoir des applications bien plus vastes de cette technologie. Les réseaux téléphoniques mobiles pourraient par exemple se passer demain de relais sattelite, si chaque téléphone était connecté à un même réseau. Plus proche de nos PC, nous avons vu récemment que le combat contre le SPAM pourrait trouver enfin une solution grace à un réseau peer to peer. Mais que dire de toutes les applications que nous n’imaginons pas encore ? Nos mentalités jacobines devront sans doute s’adapter aux raisonnements décentralisés qu’induisent le peer to peer avant d’en comprendre tous les enjeux.

Une seule chose est sûre : nous vivons aujourd’hui les prémices d’une technologie qui est loin, très loin d’avoir livré toutes ses facultés et ses implications.


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