Le gouvernement russe envisage de créer son propre marché du jeu vidéo, alors que Microsoft, Sony et Nintendo ont lâché l’affaire depuis maintenant plusieurs mois. Ce n’est pas un poisson d’avril.

La guerre en Ukraine et les relations conflictuelles que nourrit la Russie avec d’autres pays ont des conséquences directes sur l’accès à certains produits culturels. C’est le cas des jeux vidéo. Cela fait des mois que les Xbox, PlayStation et autres consoles Nintendo ont disparu officiellement des rayons (sauf à passer par des importateurs). Les éditeurs, comme Epic Games, Ubisoft et Electronic Arts, ont suivi le mouvement, et c’est sans doute ce qui conduit le gouvernement russe à envisager le développement de son propre marché.

Comme l’indique le site du Kremlin, cité par PC Mag le 29 mars, Vladimir Poutine a ordonné l’étude d’un projet visant à commercialiser des consoles de jeu vidéo, ainsi qu’un écosystème complet et des infrastructures pour le cloud gaming. L’idée est simple : fournir un moyen aux Russes de jouer aux jeux vidéo sans dépendre de grands acteurs occidentaux qui ont tourné le dos au pays. Pour parvenir à ses fins, la Russie pourra s’en remettre à son illustre passé et à sa vieille gloire : Tetris.

Source : Kremlin / Montage Numerama
Vladimir Poutine. // Source : Kremlin / Montage Numerama

Le Kremlin veut sa propre console de jeux vidéo

L’idée du Kremlin, qui vise manifestement à atténuer, pour la population, les effets des sanctions commerciales et économiques mises en place par les pays occidentaux, elle n’en demeure pas moins difficile à réaliser. Le média Kommersant a interrogé plusieurs entreprises et est arrivé à la conclusion suivante : « Il n’y a pas la compétence pour produire sa propre console Xbox ou PlayStation, et créer un tel produit de zéro pourrait prendre jusqu’à 10 ans. »

Outre l’absence de savoir-faire, il y a le problème de l’approvisionnement de certains composants électroniques et le budget que cela demanderait (plus de 100 millions de dollars pour un produit qui serait largement dépassé sur un plan technique). Quand bien même la Russie parviendrait à mettre au point une console, même la plus aboutie possible, il faudrait alors le soutien d’une foule de studios pour lui offrir un catalogue de jeux suffisamment élaboré et varié. Bref, le Kremlin est encore loin du compte. Il a d’ailleurs donné jusqu’au 15 juin pour étudier la faisabilité de cette proposition ambitieuse. On espère que le design sera plus beau que celui de la première voiture russe 100 % électrique.

Le gouvernement russe est contraint d’envisager cette piste, alors que les joueuses et les joueurs russes se tournent vers le piratage pour nourrir leur passion. Dans un article publié en juillet 2023, Ars Technica mentionnait une étude qui met en avant la croissance du piratage au sein d’un pays qui en était déjà friand avant les conséquences de la guerre en Ukraine. 69 % des Russes interrogés ont joué à au moins un jeu piraté en 2022, alors que 51 % d’entre eux avouaient avoir piraté bien plus qu’en 2021. Le développement d’un marché local pourrait diminuer ce phénomène, en plus de donner du travail aux studios.

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