Cela fait maintenant plusieurs années que la franchise Dark Souls fascine pour des raisons qui, parfois, opposent. Alors que les férus n’hésitent pas à passer des heures entières à peaufiner la construction de leur(s) personnage(s) ou à éplucher les forums pour explorer et comprendre le lore ô combien cryptique, certains n’ont toujours pas passé le premier boss.
Et ils ont fini par abandonner, pestant sur un gameplay qu’ils jugent injuste et horriblement punitif. À une époque où les jeux vidéo sont moins des challenges que des divertissements, où l’on se fiche de mourir puisque les checkpoints autorisent tout, Dark Souls s’impose comme un défi. Pour boucler la boucle après un troisième opus époustouflant, From Software et Bandai Namco offrent un nouveau visage à celui par qui tout a commencé.
Dark Souls revigoré
Dark Souls Remastered était sans aucun doute une nécessité. Aux côtés du portage Dark Souls II: Scholar of the First Sin, il permet de disposer de l’intégralité de la trilogie sur une seule et même plateforme (PlayStation 4, Xbox One ou PC). Avec en prime un rendu visuel beaucoup plus chatoyant qu’à l’époque de son lancement — datant de 2011. Pour les joueurs console plus particulièrement puisqu’ils n’ont pas l’habitude des jeux avec un framerate stable à 60 fps (sur Xbox One X).
Pour sûr, Dark Souls Remastered n’est pas aussi beau que Dark Souls III mais toujours est-il qu’il est propre — merci le lissage — et accuse tout juste son âge au regard de certaines textures grossières. De toute façon, les DS ne sont pas des jeux connus pour la beauté de leur graphisme malgré une direction artistique choyée dans l’or noir.
Une direction artistique choyée dans l’or noir.
Au cas vous n’auriez pas suivi, Dark Souls est un trio de RPG orienté action dans lequel l’aventurier courageux est balancé, un peu à la va-vite, dans des environnements piégeurs et labyrinthiques. D’aucuns diraient envoyé à l’abattoir — et il n’auraient pas tout à fait tort. Le but, pas nécessairement mis en avant avec une narration claire, est d’éliminer des Seigneurs déchus.
Le début d’un calvaire où tout se mérite, où à peu près tous les éléments croisés sont hostiles, où chaque mort est un fardeau effaçant à peine la précédente. L’accomplissement n’en devient que plus grand : ce boss qui vous a mis la misère des dizaines de fois disparaît et la satisfaction se mêle au soulagement. Et ça recommence, encore. Et encore.
L’appel de l’exigence
Le gameplay de Dark Souls requiert une résilience sans faille, une capacité à encaisser les coups pour mieux les rendre, à se montrer patient pour comprendre l’adversité. C’est une maîtrise de tous les instants : un coup, un seul, asséné au mauvais moment et le drame peut habiller l’écran. En toute franchise, ce n’est pas le genre d’expérience à mettre entre toutes les mains.
Celles et ceux qui veulent passer du bon temps auront l’impression d’avoir ouvert les portes de l’enfer, ce qui n’est jamais une source de plaisir. Mais ce côté masochiste affirmé et assumé donne du grain à moudre aux joueurs désireux de battre la machine, d’être de plus en plus forts, d’accepter l’échec pour, enfin, embrasser la réussite. Surtout dans un jeu où le niveau du personnage importe beaucoup moins que celui de l’humain.
Si jamais vous avez envie d’oser l’épopée Dark Souls maintenant que les trois chapitres peuvent être achetés sur un même support alors Dark Souls Remastered représente un excellent point d’entrée. Pas uniquement parce qu’il s’agit du premier volet de la saga, aussi parce qu’il est peut-être le moins dur et le plus accueillant (il y a un peu plus d’explications). En prime, il est scénaristiquement lié au troisième opus et n’a pas à rougir des autres du côté du game design. Dès le Dark Souls premier du nom, From Software avait déjà tout compris de sa formule, notamment articulée autour d’une architecture torturée des niveaux. Dans le même ordre d’idée, les boss, modélisés dans le sang du Diable en personne, étaient déjà très impressionnants en 2011. À ce sujet, les plus gros et effrayants ne sont pas toujours les plus difficiles à battre.
Toujours maso
En somme, ce qui était déjà exceptionnel avant l’est toujours aujourd’hui. Il faut toutefois garder à l’esprit que Dark Souls Remastered repose sur une exigence loin d’être universelle, d’où cette caractéristique ultra clivante désirée. Mais celles et ceux qui oseront s’y plonger corps et âme découvriront un jeu d’une richesse assez insoupçonnée, nourri par la possibilité d’incarner ce que l’on veut (normal, c’est un RPG), rempli d’objets plus ou moins utiles et criblé de secrets à percer, par exemple des zones à l’entrée loin d’être évidente. Ce qui revient à affirmer que les récompenses sont à la hauteur des efforts — mentaux — à fournir. Il n’y a pas que le bâton dans Dark Souls mais aussi la carotte.
Dark Souls Remastered est disponible sur PlayStation 4, Xbox One et PC.
Le verdict
Dark Souls Remastered
On a aimé
- Une maîtrise totale
- Un framerate à 60 fps sur console (youpi)
- Expérience riche et exigeante
On a moins aimé
- Quelques textures grossières
- Oui, c'est punitif
- Oui, il faut apprendre à être bon
Une pépite de 2011 l'est-elle toujours en 2018 ? Cela sonne comme une évidence mais c'est pourtant la question que pose ce Dark Souls Remastered. Ici, la réponse est oui à la faveur d'un jeu intelligemment réalisé et pensé pour son époque, dont l'exigence viendra mettre des coups de poignard aux nouveaux venus et rappeler des cicatrices pas tout à fait refermées aux puristes.
Revigoré par un framerate à 60 fps hyper stable, tranchant avec les griefs techniques qu'essuyait la franchise à ses débuts, Dark Souls Remastered et une redécouverte perpétuelle. Un challenge doublé d'un coup d'éclat et d'une manière de jouer autrement à une époque où les studios veulent mettre des jeux dans absolument toutes les mains. En 2018 comme en 2011, Dark Souls avance à contre-courant. C'est ce qui le rend si beau.
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