Le Zune de Microsoft est un baladeur qui souhaite rivaliser avec les derniers iPod vidéo : disque dur de 30 Go, écran 3 pouces QVGA, tuner FM avec support RDS, et surtout connectivité WiFi. Ce dernier élément, absent des baladeurs d’Apple, est au coeur de la stratégie de Microsoft qui veut « connecter les possesseurs de Zune » comme ils ont connecté les joueurs sur XBox. Microsoft veut créer une véritable communauté autour de son baladeur et de la plate-forme Zune Marketplace qui offrira à la fois des chansons en téléchargement payant et un service par abonnement façon Napster To Go ou Napster Unlimited.
Le WiFi intégré au Zune doit ainsi permettre aux utilisateurs de partager des chansons ou photos (apparemment pas de vidéos) lorsqu’ils sont suffisamment proches pour que leurs baladeurs communiquent. L’idée est excellente pour le marketing viral. Une bonne chanson doit ainsi pouvoir passer de baladeurs en baladeurs dans les cours d’écoles et rames de métro, et se faire connaître en un rien de temps et à un coût quasi nul. L’industrie du disque, c’est sûr, ne pouvait qu’apprécier.
Sauf que.
Partager c’est bien. Faire connaître c’est mal
Tout d’abord et Microsoft ne le cache pas, lorsqu’une chanson est obtenue d’un autre Zune par la connexion WiFi, elle ne peut être lue qu’au maximum trois fois et pendant uniquement trois jours. Si elle plait à l’auditeur, il peut la marquer pour l’acheter facilement lors de la prochaine synchronisation du Zune sur l’ordinateur. Mais ce que Microsoft met en revanche en toutes petites lettres dans les notes de bas de page de son communiqué, c’est que « les destinataires ne peuvent pas renvoyer une chanson qu’ils ont reçu via la fonction de partage« . En clair, si l’on vous fait connaître une chanson, il vous est interdit de la faire connaître à votre tour. Dommage pour le marketing viral, tué dans l’oeuf. Pour la partager à son tour, le possesseur du Zune devra sans doute l’acheter lui-même. Mais alors si la chanson ne lui plait pas et qu’il ne souhaite donc pas l’acheter, il ne peut pas la faire connaître à quelqu’un qui, en revanche, l’aurait peut-être aimée et achetée.
Ces limitations ont probablement été imposées par les majors de l’industrie du disque lors des négociations entourant Zune Marketplace, l’iTunes Store de Microsoft. Microsoft indique également que « la fonction de partage de Zune-à-Zune peut ne pas être disponible pour toutes les chansons sur votre appareil« . Ici, deux possibilités. Soit le Zune interdit le partage de toute chanson non DRM-isée et non achetée sur Zune Marketplace. Soit toutes le maisons de disques n’ont pas donné leur accord pour que leurs chansons puissent être partagées, malgré les limitations imposées. Ou peut-être les deux à la fois…
Le plus grand flou est pour le moment entretenu sur ces questions, mais déjà l’on s’aperçoit que le principal atout de Microsoft est bridé par une peur toujours exacerbée du partage. Si le partage de fichiers MP3 sans DRM n’est pas bridé, c’est encore la musique non marchande (et donc aussi le plus souvent piratée) qui sera avantagée.
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