« Con Los Terroristas » et « Do The Harlem Shake ». Les deux phrases clés du célèbre Harlem Shake sont des samples que le DJ a utilisé sans autorisation de leurs auteurs respectifs. Encore aujourd’hui, la chanson est diffusée en toute illégalité, faute d’accord avec la maison de disques.

https://youtube.com/watch?v=EGCGK9hugco%3Ffeature%3Dplayer_detailpage

Ne parlez déjà plus du Gangnam Style, ou vous auriez l’air d’avoir un train de retard. Alors qu’elle a dépassé le milliard de vues sur YouTube en fin d’année dernière, la chanson de Psy est déjà en train de passer de mode au profit du Harlem Shake, qui donne lieu depuis quelques semaines à une quantité innombrable de reprises de toutes parts. Mais le nouveau hit n’est pas né de la plus pieuse des manières, du point de vue des défenseurs du droit d’auteur. 

En effet, le New York Times raconte que l’auteur et producteur de la chanson, Harry Bauer Rodrigues (« Baauer »), a utilisé plusieurs samples sans autorisation de leurs ayants droit respectifs, alors que la jurisprudence l’imposait. C’est ainsi que le musicien Hector Delgado, depuis reconverti en prêtre évangélique, a découvert son désormais célèbre « Con Los Terroristas » en étant prévenu par son ancien producteur, qui a flairé la bonne fortune. De même, Jayson Musson, qui prononce la phrase clé « Do The Harlem Shake », n’a appris que ses quelques mots avaient été repris dans un hit planétaire que le mois dernier, après avoir été prévenu par un ami.

Aucun des deux artistes n’avaient donné à Baauer l’autorisation d’utiliser ces samples, et son producteur indépendant Mad Decent Records n’avait pas imposé de « clearer » tous les droits, n’imaginant certainement pas se retrouver un jour dans une telle situation. Au contraire des grandes maisons de disques où les artistes doivent travailler main dans la main avec les juristes pour être sûrs de n’enfreindre aucun droit, les petits labels sont souvent contraints de prendre le risque de violer des droits d’auteur s’ils ne veulent pas brider la créativité des DJ.

Interrogé par The Daily Beast, Baauer avait expliqué que « le gars au début de la chanson je l’ai trouvé sur Internet, je ne sais même plus où« . En fait, selon le New York Times, « Con Los Terroristas » était un refrain de la chanson « Malades » sortie par Hector Delgado en 2006 :

https://youtube.com/watch?v=R5viGE-lTLU%3Frel%3D0

La phrase a alors été reprise (sans autorisation non plus) en 2010 par deux DJ de Philadelphie, dans une chanson intitulée « Con Alegria ». On peut l’entendre à 0:54″ :

https://youtube.com/watch?v=K5tb-UoUjPI%3Frel%3D0

« C’est comme une marque pour Hector« , assure aujourd’hui son producteur, qui menace de faire interdire le Harlem Shake s’il n’obtient pas un dédommagement de Mad Decent Records. « Hector aura ce qu’il mérite (…) C’est une violation claire des droits de propriété intellectuelle« .

Plus compréhensif, Jayson Musson aurait appelé Harry Bauer Rodrigues pour le remercier d’avoir « fait quelque chose d’utile avec notre musique irritante« . Son « Do The Harlem Shake » est issu d’une chanson de rap qu’il a enregistré avec son groupe Plastic Little en 2001. Mais lui aussi discute avec Mad Decent Records pour obtenir une participation financière au succès de la chanson.

Trois mots ici. Quatre mots là. Une utilisation inattendue. Un coup de chance. Et c’est le jackpot.

Un jackpot que seul le droit d’auteur peut offrir.

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