Le Centre National de la Musique (CNM), qui devait être financé pour partie par la réaffectation de taxes sur les fournisseurs d'accès à Internet, ne sera pas créé. En tout cas, pas avant un long moment. "Nous n'avons pas réellement besoin d'un nouvel établissement public, qui nécessiterait, en plus des ressources existantes, 50 millions d'euros", a effet tranché la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, dans une interview au Monde, où elle dézingue une nouvelle fois la Hadopi.
"Ce n'est pas possible actuellement. Mais nous soutiendrons les producteurs indépendants. J'ai dégagé des crédits et sauvé le crédit d'impôt dont ils bénéficient. Et le travail de réflexion se poursuit avec les professionnels", précise-t-elle néanmoins. Une précision qui satisfera certainement les producteurs, mais pas les auteurs, artistes-interprètes ou autres diffuseurs, qui espéraient bénéficier d'une partie des fonds d'aide que devait gérer le CNM.
Le Centre National de la Musique avait été voulu par Nicolas Sarkozy, sur le modèle du Centre National du cinéma (CNC), pour réunir en un même lieu tous les mécanismes de financement de la création musicale.
Le projet s'était dessiné au pas de charge sous l'ancienne présidence, avec une mission de pré-figuration débutée en octobre 2011, pour une mise en place alors programmée au printemps 2012. Mais les disputes intestines dans l'industrie de la musique, pour décider en particulier des règles de gouvernance du fonds d'aide à la création musicale, ont eu raison du projet.
La couleur politique du CNM a certainement contribué aussi à sa perte, Aurélie Filippetti ayant aussi annoncé l'abandon de divers projets culturels initiés par Nicolas Sarkozy, dont sa "Maison de l'histoire de France", qui devait être son grand projet (à l'instar du Centre Pompidou, de la Bibliothèque François Mitterrand, ou du Musée du Quai Branly de Jacques Chirac).
Au total, il était prévu à terme que le CNM dispose d'un budget de 145 millions d'euros, dont 20 millions affectés à "la diffusion de la musique sous toutes ses formes, en particulier à travers des services numériques innovants".
Déjà cet été, Aurélie Filippetti avait attaqué le projet du CNM. "Il y avait 50 millions d'euros par an annoncés dans le budget de l'éventuel CNM et qui devaient être pris sur le programme de soutien à la politique du livre et des industries culturelles. Il ne me semble pas de bonne politique de chercher à déshabiller une politique de soutien à la culture au profit d'une autre", avait-elle critiqué. "Je ne veux pas me laisser dicter mon agenda ministériel ou mes priorités budgétaires par l'héritage inconséquent du précédent gouvernement".
La ministre avait aussi pointé du doigt un budget basé sur des sommes qui "n'étaient pas sécurisées d'un point de vue juridique pour ce qui était des taxes sur les fournisseurs d'accès internet". Les FAI, en effet, avaient prévenu de leur hostilité, et sous-entendu une possible action auprès des autorités de Bruxelles.
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