La prestigieuse revue scientifique Nature ne mâche pas ses mots avec l’administration Trump dans son dernier éditorial. Elle l’accuse d’avoir annulé une étude sur l’impact sanitaire de l’exploitation du charbon par peur que ses résultats s’avèrent défavorables à la politique pro-charbon du gouvernement.

Donald Trump vient de se faire un nouvel ennemi dans le monde scientifique. Dans son dernier éditorial, la prestigieuse revue Nature s’en prend ouvertement à son administration, qu’elle accuse d’avoir mis fin à des travaux scientifiques portant sur les potentiels dangers de santé publique causés par l’exploitation du charbon. Une industrie sur laquelle Donald Trump mise gros pour réduire le chômage.

Le Département de l’Intérieur américain (Dol) a en effet demandé aux établissements scientifiques concernés — les US National Academies of Science, Engineering and Medicine, ou Nasem — d’arrêter leurs travaux sur cette étude à un million de dollars censée évaluer l’impact sanitaire de l’exploitation de charbon en Virginie occidentale.

Si l’administration justifie officiellement cette décision par sa volonté de revoir les projets qui coûtent plus de 100 000 dollars, la revue Nature est convaincue qu’il s’agit d’un prétexte : « Nous doutons qu’il s’agisse d’une décision financière, surtout que l’étude a déjà dépensé une bonne partie de son budget. Il semble plutôt que le gouvernement préfère annuler la recherche plutôt que de prendre le risque que ses résultats nuisent à l’industrie du charbon. »

Crédits : Maison-Blanche

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Une politique environnementale contestée

Nature ne s’arrête pas en si bon chemin : « Il s’agit d’une décision attendue pour le département de l’Intérieur, dont le directeur, Ryan Zinke, prévoit de réduire [le budget alloué] aux parcs nationaux pour favoriser l’extraction de ressources naturelles. […] » La revue ne cache pas ses inquiétudes : « Cette décision est particulièrement préoccupante. Elle amène à s’interroger sur la possibilité que d’autres études se trouvent annulées si le gouvernement redoute leurs conclusions. »

Depuis son élection, Donald Trump, qui affirme que le réchauffement climatique est une invention chinoise, multiplie les signaux négatifs et les initiatives contestées en matière de politique environnementale. Outre la nomination d’un climatosceptique notoire à la tête de l’Agence de protection de l’environnement et le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, les fonctionnaires d’une agence fédérale agricole sont priés d’éviter le terme de « changement climatique ».

Autant de décisions qui ne manquent pas d’inquiéter le monde scientifique. Le docteur Rush Holt, responsable de l’Association américaine pour le progrès de la science, le déplorait déjà en février : « Quand des élus utilisent le terme de ‘faits alternatifs’ sans vergogne, c’est qu’il y a un problème. »


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