Y a-t-il anguille sous roche sur la façon dont Netflix réalise ses mesures sur la qualité de service des principaux fournisseurs d’accès à Internet français ? Free en est persuadé : l’opérateur, qui est pratiquement toujours dernier du classement établi par le service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD), a donc décidé d’engager une action devant le tribunal de commerce de Paris.
Il est vrai que le FAI n’est rarement à son avantage dans le tableau de Netflix. Depuis que le site de SVOD évalue le débit moyen d’Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, mesures qui ont commencé en septembre 2014, le quatrième opérateur est très souvent bon dernier (c’était le cas tout au long de l’année 2014, mais aussi en 2016 et 2017. En 2015, c’était aussi le cas, sauf dans de très rares cas).
Le souci, pointe BFM TV, qui signale l’existence de cette plainte, c’est que l’évaluation effectuée par Netflix n’est pas cohérente avec des mesures faites par des tiers. Le service nPerf, qui permet par exemple de tester la couverture 3G et 4G de ses trajets en temps réel, montre que Free offre une qualité de service moyenne supérieure à ses concurrents en matière de haut débit.
Comment se fait-il donc que Free enregistre des performances générales tout à fait honorables en termes de débit, notamment par rapport à ses principaux concurrents, et qu’il ne parvient pas à être plus ou moins à leur niveau chez Netflix — avec parfois des écarts très significatifs, comme le montre la deuxième moitié du graphique, où des chutes notables sur plusieurs mois sont relevées — ?
Free a décidé de ne pas se coucher tout de suite devant Netflix
La réponse est-elle à chercher dans le fait que, contrairement à Orange, Bouygues Telecom et SFR, Free n’a pas trouvé d’accord avec la plateforme américaine pour l’intégrer dans sa Freebox ? On se souvient qu’en octobre 2014, Maxime Lombardini, le directeur général du groupe Iliad, la maison-mère du FAI, avait lancé que, selon des propos rapportés par la presse, « Free a décidé de ne pas se coucher tout de suite devant Netflix ».
Du coup, impossible de profiter de Netflix sur le téléviseur pour la clientèle de Free, a moins de posséder une Freebox Mini 4K qui tourne sous… Android. Dans ce cas, il est tout à fait possible d’installer l’application et de profiter des contenus du service de vidéo à la demande par abonnement. Cela dit, ce cas de figure reste minoritaire et c’est la Freebox normale qui équipe la grande majorité des internautes.
Un mois auparavant, Maxime Lombardini avait expliqué que Free a choisi d’utiliser l’accès à la Freebox comme moyen de pression dans ses négociations avec Netflix, au détriment de sa clientèle, qui aimerait certainement disposer d’une interface efficace, rapide et intégrée pour pouvoir regarder les vidéos de la plateforme sur son téléviseur. « Nous avions une forte capacité à maîtriser notre futur », avait-il lancé.
Il ajoutait, au sujet de l’intégration de Netflix dans les box des opérateurs : « sans les box, les services over-the-top auront des difficultés à aller chez les gens ». L’opérateur avait fait comprendre qu’il accepterait de signer avec Netflix pour le faire figurer dans les menus de la Freebox uniquement s’il obtient « un bon contrat ». Or, plus de deux ans après, le levier de la pression n’a pas eu l’effet escompté.
Méthodologie peu détaillée
Bref, Free trouve curieux de se retrouver pratiquement tout le temps en bas du classement et semble considérer que l’absence d’accord avec Netflix sur l’accès à sa Freebox joue un rôle dans cet état de fait. Selon BFM TV, d’autres facteurs jouent, comme le fait que Free ne soit pas directement au réseau du service de SVOD, ou que Netflix n’explicite pas un peu mieux sa méthodologie pour mesurer les débits.
Celle-ci dit simplement que « l’indice de performance des FAI concernant Netflix donne le débit moyen aux heures de grande écoute du contenu Netflix regardé en streaming par ses utilisateurs au cours d’un mois donné. Pour déterminer le débit binaire aux heures de grande écoute pour chaque FAI, nous calculons le débit moyen en mégabits par seconde (Mbit/s) du contenu Netflix regardé en streaming par ses utilisateurs ».
« Nous mesurons le débit effectif sur tous les appareils dont disposent les utilisateurs. Pour un petit nombre d’appareils, nous ne sommes pas en mesure d’établir le débit exact et le streaming sur les réseaux cellulaires n’est pas pris en compte dans nos mesures. Le débit indiqué dans l’indice de performance des FAI n’est pas une mesure du débit maximal ni une indication de la capacité maximale d’un FAI » est-il ajouté.
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