Une association faisant campagne pour le dépistage du cancer du sein a vu sa page sur Facebook suspendue par le réseau social, à cause de photos de peintures montrant des femmes la poitrine dénudée.

La mobilisation en faveur de la prévention du cancer du sein, oui, mais attention à ne surtout pas montrer l’objet de la campagne ! Tel est l’étrange numéro d’équilibriste auquel se livre encore une fois Facebook en ayant fait le choix de suspendre une page qui a eu le malheur de montrer des photos présentant des tableaux de femmes la poitrine dénudée, raconte Le Progrès.

Le site communautaire n’en est pas à son coup d’essai. En 2014, il avait contraint une association de prévention contre le cancer de supprimer une affiche qu’elle avait diffusée sur sa page parce qu’elle révélait le corps dénudé d’une femme enceinte. Le service s’était même illustré en s’attaquant à des photos montrant des mères en train d’allaiter avant de faire machine arrière et de s’excuser.

Dans l’affaire rapportée par le journal, il est expliqué que la page est «?suspendue mais pas radiée?». Sans doute pourra-t-elle être rétablie à condition d’accepter de faire le ménage en retirant les clichés montrant les tétons féminins. Selon nos constations, la page litigieuse, Projet Vénus Lyon, animée par l’association SpaceJunk, semble accessible et elle liste encore des peintures de femmes aux seins nus.

À l’origine de cette démarche artistique figure l’objectif de soutenir financièrement des associations engagées dans la lutte contre le cancer du sein en organisant à Lyon une vente aux enchères à la mi-décembre après une période d’exposition des toiles dans divers lieux de la métropole lyonnaise. Facebook servait alors de relais médiatique pour faire la promotion de l’évènement et renseigner le public.

Des règles compliquées

Dans ses conditions de service, Facebook interdit explicitement la publication de contenu incluant de la nudité ou de la pornographie.

Toutefois, le site américain revendique une approche plus souple dans la mise en œuvre de ses standards de la communauté. Si le site reconnaît restreindre « certaines images de poitrines féminines si elles montrent le mamelon, [il autorise] toujours les photos de femmes qui défendent activement l’allaitement ou qui montrent les cicatrices post-mastectomie de leur poitrine ».

Facebook s’oppose en général à la nudité mais tolère un certain nombre d’exceptions

Il ajoute autoriser « les photos de peintures, sculptures et autres œuvres d’art illustrant des personnages nus. Les restrictions sur l’affichage de nudité et d’activité sexuelle s’appliquent également au contenu créé numériquement, sauf si le contenu est publié à des fins éducatives, humoristiques ou satiriques ». Un cadre dans lequel la page gérée par l’association lyonnaise paraît rentrer sans difficulté.

L’affaire illustre toutefois la difficulté que semble avoir Facebook à avoir une modération claire. Début septembre, le réseau social assumait la censure d’une célèbre photo de la guerre du Vietnam montrant une petite fille sans vêtement. Résultat, elle avait été jugée comme de la pédopornographie. Devant le tollé, le site avait promis de faire plus attention la prochaine fois.

 

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