Votre ex-petite amie peut-elle exiger en justice que vous supprimiez les photos et les vidéos que vous avez prises d’elle avec son consentement ? Oui, a jugé la justice allemande, qui estime que les amants d’hier doivent respecter leur vie privée et leur intimité d’aujourd’hui, et ne garder qu’en mémoire les ébats amoureux ou les courbes charnues de leur ancien(ne) partenaire.
La Cour fédérale d’Allemagne a en effet ordonné à un homme, photographe professionnel, d’effacer de ses archives privées toutes les photos et les sex-tapes qu’il avait réalisées avec son ancienne petite amie, même s’il n’avait aucune intention de les partager avec quiconque.
La plus haute juridiction allemande a jugé que le consentement à ces photos ou vidéos devait être regardé comme une action continue, qui s’est interrompue le jour de leur rupture, ou au plus tard le jour où la femme a demandé à l’homme d’effacer ces données de ses cartes mémoire et disques durs.
La photo c’est pour la vie ?
Le respect de la vie privée n’est cependant pas le seul élément qui a conduit les juges à ordonner la suppression des images. Ils ont entendu l’argument de la plaignante qui estimait que la simple menace que ces images puissent un jour sortir constituait un « pouvoir de manipulation » de l’homme sur son ex-petite amie, et qu’il s’agissait donc prévenir toute possibilité de chantage pour rendre à la femme toute sa liberté.
[floating-quote float= »right »]Faut-il supprimer toutes les photos de son ex ?[/quote]
Comme le souligne l’avocate allemande Katja Weber, l’affaire soulève toutefois des difficultés d’appréciation. Faut-il effacer toute photographie et vidéo de son ex ou uniquement celles pouvant poser problèmes et dès lors, à partir de quel seuil de nudité, d’intimité ou de situation embarrassante une photo devient-elle potentiellement compromettante et objet de possible chantage ? Est-ce à l’ex d’en juger, ou à la personne qui veut garder un souvenir de son histoire personnelle ?
En pratique, l’application du jugement devrait aussi poser quelques difficultés. Comment, dans un monde numérique où la copie est à portée de clics, s’assurer qu’absolument tous les exemplaires d’une photo ou d’une vidéo sont effacés, que ce soit sur les supports physiques (papier d’imprimante, carte SD, clé USB, disque dur, CD, DVD…), ou les supports dématérialisés en ligne ?
Dans une affaire légèrement différente mais proche, la justice avait condamné en France le magazine Closer à remettre à la famille du prince William les photos numériques de Kate Middleton seins nus.
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